1 avril 2023 - Santé / Soins et Bien être

Comment définir le bien être du cheval ?

Dossier

Comment définir le bien-être du cheval ? Pour certains, cela se résume à une vie au pré avec des congénères et pour d’autres à une vie au box avec beaucoup de soins et d’attention et d’autres encore le situeront à une monte sans mors et sans fer.

Nous sommes entrés dans l’ère du bien-être du cheval mais que cela signifie-t-il réellement et que pouvons-nous faire pour améliorer le bien-être de nos chevaux ?

Notion de bien-être chez le cheval :

La notion de bien-être équin comprend l’aspect physiologique (besoins fondamentaux) ainsi que l’aspect comportemental, ces deux aspects sont indissociables.

Le cheval est un animal capable de s’adapter à son environnement mais cela ne se fera pas toujours sans mal et sans stress. Le fait qu’il ait su s’adapter à un nouvel environnement ne suffit pas pour évaluer son état de bien-être car cette notion d’adaptation ne prend pas en compte les efforts qu’il a dû fournir pour trouver son nouvel état d’équilibre. Pour faire face et maintenir un équilibre interne, le cheval doit mobiliser une quantité plus ou moins importante d’énergie, plus il devra dépenser d’énergie pour maintenir son équilibre et plus son bien-être diminuera. C’est une notion dynamique et évolutive dans la vie du cheval.

Reconnaître le mal-être

Évidemment, la santé est un critère majeur en ce qui concerne le bien-être équin, car un cheval en mauvaise santé est forcément dans un état de bien-être diminué. L’aspect général du cheval est un paramètre important mais surtout simple à évaluer. Il suffit d’observer son cheval, sa stature, son poil, son poids, son œil, ses blessures, ses pieds… pour avoir une idée de son état de bien-être.

L’absence de maladie est plus difficile à détecter car les grandes maladies infectieuses et les parositoses (parasitisme intestinal) majeures ont nettement diminuées mais elles ont laissé la place à des maladies plus insidieuses qui dépendent elles-mêmes de la façon dont on prend soin de nos chevaux.

Le stress ennemie n° 1 du cheval

Chez le cheval, le stress peut engendrer tout un tas de maladies ou de symptômes qui seront durs à enrayer une fois installés. Les chevaux stressés ont un système immunitaire plus fragile, ils sont fragilisés physiologiquement et psychologiquement.

Le stress entraîne des ulcères gastriques, des stéréotypies, de l’agressivité, de l’auto-mutilation, de l’agitation, de la rétivité et même des dépressions chez les chevaux. Si ces signes sont sources d’ennuis pour les propriétaires, ils sont avant tout un signe de mal-être chez le cheval.

Facteurs de mal-être

Nous pouvons constater des modifications du comportement alimentaire suivant les conditions de vie du cheval et suivant le type d’alimentation, ce dernier peut être source de mal-être et entraîner des comportements anormaux.

Certains chevaux vivant en prairie peuvent mâchonner tout ce qui est en bois (wood-chewing) comme les clôtures en bois et l’écorce des arbres, certains peuvent aussi manger les crottins (coprophagie). Ces comportements sont très souvent le résultat d’un manque de fourrage et ils signifient que les besoins du cheval ne sont pas satisfaits, c’est donc un indicateur d’une diminution du bien-être du cheval. Ces mêmes comportements se retrouvent chez les chevaux vivant en box, ils peuvent manger leur litière (copeaux de bois) et ronger la porte de leur box, la coprophagie est elle aussi souvent observée chez les chevaux vivant en box. Bien sûr, ces comportements sont révélateurs d’un mal être lié à l’alimentation mais d’autres comportements en découlent chez le cheval vivant au box. Il s’agit des comportements de stéréotypies qui expriment bien plus qu’un mal être lié au comportement alimentaire, ils expriment une frustration profonde du manque de mouvement lié à l’alimentation du cheval. Le cheval en pâture passe 50 à 90% de son temps à manger suivant le type de pâture (taille, quantité d’herbe, temps resté au pré), il peut donc manger tout en se déplaçant, mais aussi satisfaire son besoin de fouiller, sentir, renifler, chercher et trier les végétaux comestibles. Le cheval au box recevant une alimentation différente est lui privé de tous ces sens et peut développer les stéréotypies suivantes :

  • Tic à l’appui (le cheval prend appui sur un support avec ses incisives, il contracte son encolure et émet un bruit caractéristique ressemblant à un rot)

  • Tic à l’air (variante du tic à l’appui mais le cheval ne se sert pas d’un support)

  • Tic de se frapper la lèvre inférieure avec la lèvre supérieure

  • La serpentine qui consiste à laisser pendre sa langue d’un côté ou de l’autre

  • Tic du grincement de dents

  • Tic du léchage ou mâchonnement d’objets

  • Tic à l’encensé (succession de mouvements violents de la tête de haut en bas)

Il existe aussi des stéréotypies qui se manifestent uniquement au moment de la distribution des repas. En effet, lorsque les chevaux voient et entendent les manipulations d’aliments alors qu’ils ne peuvent les atteindre, cela engendre une frustration alimentaire et un stress pour le cheval, ce qui est responsable de mal-être.

Mode de vie du cheval

Nous constatons donc que la prairie est un milieu mieux adapté aux besoins alimentaires du cheval. Elle offre aussi un environnement riche en stimuli et permet au cheval de se déplacer, cependant il faudra veiller à lui apporter le fourrage nécessaire lorsque l’herbe se raréfie et/ou qu’elle n’est plus suffisante, l’eau doit être donnée en quantité suffisante et être de bonne qualité et propre, le cheval doit pouvoir se mettre à l’abri du vent, de la pluie et du soleil et enfin il sera placé par affinité dans un groupe de chevaux.

Rares sont les chevaux présentant des stéréotypes en prairies, preuve que ce milieu est particulièrement bien adapté au bien-être du cheval, milieu qui se rapproche en de nombreux points au milieu naturel.

Même si un cheval s’adapte aux conditions de vie en écurie, les stéréotypies sont la preuve que cette adaptation est difficile et incomplète.

La vie en box ne permet pas les échanges sociaux entre chevaux de même qu’un cheval seul dans une prairie sera privé de contacts sociaux. Le cheval est un animal grégaire qui craint la solitude et l’isolement, c’est une situation qu’il supporte très mal. Plusieurs cas de chevaux isolés devenus dépressifs ont été rapportés, cela débute avec un comportement indifférent, il ne s’alimente plus correctement, des états de dépression graves peuvent même aller jusqu’à la mort si rien n’est fait pour l’animal. Il faut donc veiller à apporter un maximum de confort au cheval vivant en box, cela passe par une alimentation adaptée et distribuée de façon réfléchit, du fourrage à volonté, une litière propre et renouvelée fréquemment, la possibilité d’avoir des interactions avec d’autres chevaux, une sortie quotidienne, des soins et de l’attention.

bien être du cheval pallas et pin-up
Séance de grooming entre deux chevaux – Credit photo Cheval-partenaire

Les soins comme le parage, la ferrure, l’entretien et les soins dentaires, les vaccins et la vermifugation doivent être fait de façon régulière que ce soit pour un cheval vivant au box ou en prairie, sans une régularité de ces soins, le cheval peut souffrir et augmenter son mal-être physique et son niveau de stress. Bien entendu, nous veillerons à ce que tous ces soins, ces manipulations se fassent dans le calme et la confiance car leur qualité à une influence directe sur le bien-être du cheval.

Travail du cheval et bien-être équin

Le travail du cheval peut avoir un impact direct sur son mal-être et ce dès le débourrage. En effet, le cheval qui ne comprend pas ce que son cavalier lui demande se retrouve dans une situation de stress et en grande détresse. Le cheval est apeuré, ne sait plus ce qu’il doit faire et reçoit parfois une punition en guise de réponse. Les cavaliers inexpérimentés peuvent avoir recours à certains artifices pour manquer à leur inexpérience, il peut s’agir d’enrênements contraignants, d’éperons, de muserolles surbaissées et très serrées mais aussi de mors particulièrement sévères. Face à cela, certains chevaux développeront des défenses et des troubles du comportement comme de la rétivité, ouvrir la bouche, tirer la langue, tenter de s’enfuir, bouger la mâchoire durant leurs séances de travail avec le ou les cavaliers…autant de comportements qui témoignent un mal-être. Le fait de mal monter à cheval a sans doute aussi une influence sur la santé physique du cheval, il est donc essentiel de se faire encadrer lorsque notre niveau le justifie ou lorsque nous ne nous sortons pas d’une situation délicate avec notre cheval.

Un harnachement non adapté au cheval est aussi un facteur de mal-être, il faut vérifier que la selle est bien adaptée à la morphologie du cheval, que le mors soit à la bonne taille et que les différentes parties du filet ou de la bride soient à la bonne taille. Un matériel nettoyé et entretenu évitera certaines plaies douloureuses et contribuera au bien-être du cheval. Dans tous les cas, lorsqu’un cheval semble mettre de la mauvaise volonté, lorsqu’il adopte un problème de comportement, afin d’exclure les problèmes physiques (douleurs ou la maladie), il faut faire appel au vétérinaire, à l’ostéopathe ou au maréchal en fonction des pathologies rencontrées. Par exemple, un cheval fait des refus depuis quelques temps, il faut vérifier en première intention que physiquement quelque chose ne l’empêche pas de sauter, une douleur, un mal de dos, une blessure etc.

Le transport pour le cheval est un facteur de stress, l’embarquement est particulièrement stressant pour lui car le cheval craint de rentrer dans des petits espaces confinés et sombres d’autant plus que le bruit des sabots sur le pont ou dans le van résonnent. Il faudra donc prendre des mesures pour embarquer le cheval sans stress, sans violence, dans le calme et la confiance. Le voyage devra être calme, le conducteur adaptera sa conduite à l’animal qu’il tracte.

Pour conclure, nous ne devons pas considerer l’intérêt du bien-être du cheval comme une mode mais bel est bien comme un facteur essentiel à sa vie.  Le stress a des répercussions indéniables sur la santé du cheval mais aussi sur les relations que nous entretenons avec lui. En tant que propriétaires, nous avons la responsabilité de tout mettre en œuvre pour favoriser et augmenter le bien-être de nos chevaux.

L’équipe de Cheval-Partenaire

Statut et régime juridique du cheval :

L’animal approprié est reconnu comme un être sensible, depuis la loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature.

Dès lors, l’exercice de mauvais traitements est interdit envers l’animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité.

Le propriétaire d’un animal est tenu de le placer dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce.

Les infractions commises à l’encontre d’un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en captivité, constituent soit des délits (sévices graves ou de nature sexuelle, actes de cruauté, abandon), soit des contraventions (atteinte volontaire ou involontaire à la vie d’un animal, mauvais traitements).

Pour plus de détails, voir : – Articles 521-1, R.653-1, R.654-1, R.655-1 du code pénal ; – Articles L.215-11, R.215-4 du code rural et de la pêche maritime.

Obligation de soins et maltraitance :

Il est interdit d’infliger des mauvais traitements aux animaux (Article L.214-3 du code rural et les articles précités page 12).

D’une manière générale : l’absence volontaire de soins, l’absence ou l’insuffisance de nourriture et d’eau, ou le placement dans un lieu inadapté sont constitutifs de mauvais traitements.

L’acte d’abandon est constitué par le délaissement de l’animal : absence prolongée de soins, d’abreuvement, de nourriture, de ferrage ou parage des sabots, de suivi vétérinaire…

L’acte de cruauté ou sévices graves se définit, selon la jurisprudence, comme des mauvais traitements aggravés qui engendrent une souffrance intense chez l’animal et qui démontrent chez leur auteur une particulière perversité.

En cas de poursuites judiciaires pour l’ensemble de ces infractions, le procureur de la République et les services administratifs (DDPP) peuvent retirer l’animal maltraité et le placer auprès d’une association de protection animale dans l’attente du jugement. Ce placement peut être définitif en cas de condamnation du propriétaire de l’animal par le tribunal. C’est alors l’association qui en devient propriétaire et qui peut librement en disposer.

Pour les délits d’abandon et de sévices graves et sexuels sur animaux, le tribunal peut également prononcer une peine d’interdiction (temporaire ou définitive) de détenir des animaux.

Source: Thèse vétérinaire du Dr Leatitia, MarieBoussely, Bien-être chez le cheval, du 22/05/2003 à la faculté de médecine de Creteil.

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http://www.puy-de-dome.gouv.fr/IMG/pdf/Guide_LFPC.pdf