5 février 2024 - Conseils / Santé

Détecter un problème dentaire chez le cheval

Qui n’a jamais entendu le célèbre dicton « Pas de pied, pas de cheval » ? Si la santé des pieds du cheval est certes essentielle, on pourrait en dire tout autant de sa bouche, qui passe pourtant souvent au second plan. Premier compartiment de l’appareil digestif du cheval, cette dernière assure quatre grandes fonctions : la préhension, la mastication, l’insalivation et la déglutition des aliments. Autrement dit, c’est là que commence la préparation du bol alimentaire avant son long voyage dans le reste du tube digestif. La santé de la bouche, et notamment des dents, conditionne donc l’efficacité de la digestion. Elle peut aussi se répercuter sur la pratique de l’équitation, surtout dans les cas où le cheval est équipé d’un mors.

Vous l’aurez compris, cette partie anatomique est donc un incontournable de la bonne santé générale, du bien-être et de la performance du cheval. Tout comme ses pieds, elle requiert une attention particulière. Comment se rendre compte rapidement que quelque chose ne va pas afin de réagir au plus vite ? S’il est indispensable de faire contrôler la bouche de son cheval annuellement par un technicien dentaire équin ou un vétérinaire, le meilleur moyen de prévention reste une surveillance régulière ! Zoom sur les bonnes pratiques.

© A. Laurioux / IFCE

Chez le poulain nouveau-né, la sortie des dents se fait de manière progressive dès la première semaine de vie. Tout comme chez l’homme, il s’agit d’abord d’une dentition provisoire qui va se développer au cours des premiers mois après la naissance. Pendant sa croissance, jusqu’à l’âge de 5-6 ans voire parfois plus pour les individus tardifs, les dents de lait du jeune cheval vont progressivement tomber pour laisser place aux dents définitives.

Durant cette période, des problèmes dentaires peuvent parfois apparaître (dents de lait persistantes, développement de dents de loup/cochon…) et, à plus ou moins long terme, finir par gêner le cheval lors de la prise alimentaire et/ou au travail. En cas de doute, demandez conseil à votre technicien dentaire équin ou votre vétérinaire.

Lorsque le cheval prend de l’âge, l’état de ses dents se détériore. Usure de la table dentaire, arêtes coupantes, déviations angulaires, déchaussements… très fréquents chez le cheval âgé et potentiellement douloureux, ces problèmes dentaires peuvent empêcher une mastication correcte. Ils sont la première cause d’amaigrissement chez cette catégorie d’équidés.

© B. Lemaire / IFCE
© N. Genoux / IFCE

Ce conseil peut paraître simpliste, mais il est encore trop souvent négligé, bien que très facile à mettre en place. En allant le chercher ou en le ramenant au pré/box, en le nourrissant, au pansage… prenez-vous le temps d’observer attentivement votre cheval au quotidien, pas seulement au travail, mais aussi au repos ? C’est en connaissant ses habitudes que vous arriverez à repérer rapidement tout comportement anormal. Avez-vous constaté un (des) changement(s) dans son comportement ces derniers temps, notamment au moment des repas ? Met-il plus de temps à finir sa ration que d’habitude ? Mange-t-il proprement ou bien recrache-t-il des aliments en mangeant ? S’alimente-t-il calmement ou bien paraît-il agité ? A-t-il toujours autant d’appétit ?

© N. Genoux / IFCE

Salivation excessive avec mousse blanche en quantité anormale ou filet de bave gluante, mauvaise haleine, stockage de nourriture à l’intérieur des joues, rejet de boulettes de foin mâché, saignements… outre le comportement général de votre cheval, d’autres signes plus ou moins spécifiques au niveau de sa bouche peuvent être évocateurs d’un éventuel problème dentaire. Il est important de penser à vérifier régulièrement l’état des dents, des gencives et des muqueuses, ainsi que de la langue, et d’acquérir un minimum de connaissances sur la dentition du cheval pour être capable de repérer d’éventuelles anomalies (présence de dents de loup/cochon, pointes, surdents…).

© A. Laurioux / IFCE

L’état des particules retrouvées dans les fèces de votre cheval reflète généralement l’état des particules présentes dans son estomac après mastication. Avez-vous récemment noté la présence d’aliments (notamment des céréales) non digérés en quantité anormale dans ses crottins ?

Bien que la forme de présentation des aliments et la façon dont le cheval les ingère puisse être en cause, ce phénomène doit néanmoins attirer votre attention. Si sa bouche le fait souffrir, le cheval a en effet plus de mal à mastiquer ses aliments. Après avoir traversé le système digestif sans avoir pu être correctement digérés et donc assimilés par l’organisme, ces derniers sont finalement excrétés dans les fèces.

© A. Laurioux / IFCE

Partie très sensible, la bouche du cheval joue un rôle clé en équitation. Même si tous les chevaux ne sont pas forcément harnachés avec un mors, c’est souvent par l’intermédiaire de la bouche du cheval que le cavalier va « dialoguer » avec sa monture, en établissant un contact avec cette dernière par l’action de ses mains sur les rênes.

En cas de gêne, la simple présence de matériel dans sa bouche et/ou les actions de mains du cavalier peuvent être source d’inconfort voire de douleur, et entraîner des réactions plus ou moins vives. Si votre cheval refuse de prendre le mors et/ou manifeste des défenses (lève la tête ou effectue des gestes brusques avec, tente de tirer au renard ou de se cabrer…) pendant le harnachement, vous devez déjà vous questionner. Cela peut-être le signe que quelque chose ne va pas. Il est alors inutile d’insister en ignorant le problème, car d’autres comportements de défense ne tarderont certainement pas à se manifester également au travail.

© A. Laurioux / IFCE

Afin d’adapter les apports alimentaires aux besoins nutritifs de votre cheval, il est conseillé d’évaluer l’état corporel (réserves en graisse) de ce dernier dans l’idéal une fois par mois, en effectuant une notation d’état corporel. Même légère, toute perte d’état sans cause apparente, malgré des apports alimentaires adaptés et le maintien d’un bon appétit, sans augmentation de la charge de travail, peut être un signe de problème dentaire, en particulier chez le cheval âgé. Pensez-y si c’est le cas !

© Jehanne Ketterlé

En règle générale, même quand tout va bien, il est recommandé de montrer son cheval à un technicien dentaire équin ou un vétérinaire au moins une fois par an pour vérifier/corriger l’usure de la table dentaire (car les dents poussent en continu) et soigner les éventuelles affections, surtout chez le vieux cheval, dont l’état des dents se dégrade avec l’âge. Il s’agit bien évidemment d’une visite de routine, qui n’exclut pas de rapidement faire appel à un vétérinaire au moindre doute ou en cas de problème avéré.

Comme leur dentition demande une vigilance accrue, le jeune cheval et le cheval âgé peuvent quant à eux être contrôlés par un professionnel de santé à une fréquence plus élevée de 2 fois par an et/ou au moindre doute.

© A. Laurioux / IFCE

Par Nelly GENOUX (IFCE)

Le logo de l'IFCE

Retrouvez aussi…