14 décembre 2021 - Race / Santé / Soins et Bien être

Quand robe rime avec génétique

Dossier
La génétique des robes chez les chevaux

« Quelle robe peut transmettre ma jument ? » Qui ne s’est pas déjà posé cette question en mettant sa jument à la reproduction. Quelle que soit la robe d’un cheval – crème, pie ou encore gris – la première chose à regarder est sa robe de base. Sont appelées « robes de base » le noir, le bai et l’alezan. Toutes les autres robes découlent en fait de ces trois robes initiales.

La robe du cheval

Crédit photo © A. Laurioux

2 pigments pour une multitude de robes

La peau, les poils et les crins sont colorés grâce à des pigments sécrétés par des cellules de la peau : les mélanocytes. Au nombre de deux, ces pigments sont responsables d’un grand nuancier de couleurs :

  • L’eumélanine donne des colorations noir/brun foncé.
  • La phéomélanine donne des colorations jaune/rouge.

La production de ces deux pigments est maîtrisée par deux gènes qui donnent les trois robes dites de base : le noir, le bai et l’alezan. Des gènes complémentaires peuvent agir pour donner des dilutions ou des adjonctions de zones blanches.

2 gènes pour 3 robes de base

Le gène Extension détermine si la robe est foncée ou claire. Il a un fonctionnement par dominance :

  • La forme dominante est notée [E] : Lorsqu’il est présent, les mélanocytes ont une production d’eumélanine. Le cheval a donc une robe foncée de par la production d’eumélanine.
  • La forme récessive est notée [e] : Lorsqu’il est présent en double exemplaire, il y a une absence de production d’eumélanine, seule la phéomélanine est synthétisée. Le cheval a donc une robe claire.

Le gène Agouti détermine quant à lui si la robe est unie ou dégradée. Il a lui aussi un fonctionnement par dominance :

  • L’allèle [A] est un allèle dominant. Il entraîne l’apparition de zones foncées aux extrémités (crins et membres) due à la restriction de la production d’eumélanine seulement en ces points. Le cheval a donc une robe non unie.
  • L’allèle [a] est un allèle récessif. S’il est présent en deux exemplaires, il entraîne une coloration uniforme de la robe : production élevée d’eumélanine au mélanocyte.

Ainsi, la présence de l’allèle [A] pour le gène Agouti va transformer la robe noire en une robe baie. Même s’il s’agit d’un gène modificateur, la robe baie est considérée comme une robe de base à part entière. En effet, les gènes modificateurs divers vont avoir une action particulière sur le bai, qui n’est pas celle qu’on retrouvera sur le noir ou sur l’alezan.

Tableau récapitulatif de la robe de base en fonction du génotype sur les gènes Extension et Agouti
Tableau récapitulatif de la robe de base en fonction du génotype sur les gènes Extension et Agouti

Et pour les autres robes ?

L’action de plus d’une quinzaine d’autres gènes de coloration peut se combiner avec l’action des gènes Extension et Agouti pour donner un panel de robes très variées. Nous allons voir l’exemple du gris.

Le dominant : le gris

Le gris est une robe qui domine toutes les autres. L’action du gène Gris est responsable de la prolifération des mélanocytes. Cette prolifération entraîne leur épuisement. Par conséquent, la production d’eumélanine et de phéomélanine, pigments colorant les poils, est fortement diminuée voire inexistante. Les chevaux finissent donc avec une robe grise. Le gène Gris ayant une action sur les mélanocytes, il n’est observé aucune action sur la peau ni sur les yeux des chevaux. On dit donc que le gène Gris est un gène évolutif. Les poulains naissent avec une robe non grise et leurs poils vont d’abord s’assombrir puis s’éclaircir progressivement, jusqu’à obtenir un phénotype blanc.

Quelle que soit la robe de base, dès qu’il y a présence d’un allèle [G], la dénomination de la robe est la même : « Gris ». Les chevaux gris sont donc [GG] ou [Gg]. Suivant leur statut génétique, homozygote ou hétérozygote, ils ont une chance sur deux ou 100% de chances de transmettre l’allèle dominant [G] à leur poulain.

Table de croisement sur le gène gris
Table de croisement sur le gène gris

Nous avons pris ici l’exemple du gris, mais plusieurs gènes de coloration sont dominants et se transmettent de la même façon : le champagne, le tobiano ou encore l’overo. Pour en savoir plus sur la génétique des robes, rendez-vous dans le menu d’équipédia suivant  : https://equipedia.ifce.fr/elevage-et-entretien/elevage/genes-majeurs.

Par Margot SABBAGH (ingénieure de projet et développement en génétique des équidés à l’IFCE)

© Crédits photos Shutterstock © A. Laurioux