Les mélanomes font partie des tumeurs les plus fréquentes chez le cheval. Ils sont presque exclusivement observés chez les chevaux gris, chez lesquels ils sont généralement bénins. Cependant, ils sont souvent associés à une grande gêne pour le cheval et peuvent même mettre la vie de l’animal en danger.
L’idée qui règne dans le monde équestre que les mélanomes sont ‘normaux’ chez les chevaux gris et qu’il ne faut pas s’inquiéter est malheureusement fausse. Dans le cas de tumeurs, mélanomes et autres, il est toujours conseillé de consulter un vétérinaire afin de pouvoir, si nécessaire, commencer à temps le traitement adéquat. Les endroits les plus typiques où se forment les mélanomes sont la peau autour de l’anus (image 1) et la base de la queue (images 2), mais ces tumeurs peuvent également apparaître à d’autres endroits. Dans certains cas, ils deviennent malins et peuvent se propager dans le reste du corps.
Étiologie
Les mélanomes sont des tumeurs des mélanocytes (cellules productrices de pigments). Les mélanocytes normaux produisent un pigment qui est transmis aux cellules de la peau et des poils et donne ainsi de la couleur à ceux-ci. Si ces mélanocytes dégénèrent en tumeurs, des bosses de couleur noire (mélanomes) se forment. Jusqu’à un tiers de toutes les tumeurs chez les chevaux sont des mélanomes. Ils sont presque exclusivement observés chez les chevaux gris, mais sont de temps en temps vus chez des chevaux d’autres couleurs.
Mélanomes et chevaux gris
Chez environ 80 % des chevaux gris de plus de 15 ans on observe l’apparition de mélanomes. La raison de l’incidence élevée chez ceux-ci est probablement liée à la même base génétique de la couleur « grise », qui est essentiellement un problème des mélanocytes. Par exemple, on a constaté que les chevaux Lipizzans qui sont homologues d’un certain gène (c’est-à-dire qui ont hérité un gène de leur père et de leur mère) deviennent blancs plus rapidement et uniformément, et qu’ils ont plus de mélanomes que d’autres races de chevaux.
Localisations typiques des mélanomes chez le cheval
Le sexe du cheval ou l’exposition à la lumière du soleil ne semblent pas jouer de rôle dans l’apparition de ces tumeurs. Ailleurs qu’à la base de la queue et autour de l’anus, les glandes salivaires, les organes génitaux et les paupières sont des sites typiques de mélanomes.
Moins fréquemment, ces tumeurs sont également présentes à l’intérieur du corps, soit comme tumeurs internes primaires, soit comme métastases. Par exemple, nous avons déjà vu des mélanomes dans les poumons, le diaphragme, le cerveau, la colonne vertébrale et la rate. Les mélanomes peuvent même apparaître à l’intérieur de l’œil ! Au moment du diagnostic, la plupart des mélanomes sont bénins. Toutefois, jusqu’à 30 % de tous les mélanomes peuvent devenir malins, et donc se propager dans le reste du corps.
Le diagnostic
Le diagnostic des mélanomes est généralement établi à base du tableau clinique typique (localisation, forme, couleur). Les tumeurs elles-mêmes peuvent être uniques, multiples ou confluentes. Leur taille peut varier de quelques millimètres à plus de 20 centimètres. Leur croissance est généralement lente. Parfois, il y a une ulcération des tumeurs et on peut alors remarquer un écoulement noir.
En cas de doute, une biopsie peut être effectuée et l’étendue du mélanome peut être évaluée par échographie. Un scanner est parfois réalisé en préparation d’une intervention chirurgicale, afin d’obtenir une image exacte des tumeurs. Il est important de faire la distinction entre les mélanomes et d’autres tumeurs comme les sarcoïdes (nodulaires), les lymphomes, les fibromes, etc.
Les conséquences
Les conséquences des mélanomes sont fonction de leur taille et de leur emplacement. Des mélanomes étendus autour de l’anus peuvent entraîner des difficultés à déféquer. Ils peuvent également causer une inflammation conduisant à un cercle vicieux d’enflure, d’inconfort, de douleur, de constipation, de colique et même d’incapacité totale à déféquer s’ils ne sont pas traités à temps, ce qui nécessite l’euthanasie. Certains mélanomes de la queue deviennent si gros qu’une amputation de celle-ci est finalement nécessaire.
Dans la région du cou (généralement à partir de la glande salivaire), la présence de mélanomes peut entraîner une pression sur la trachée et provoquer des difficultés respiratoires.
Traitement
Pas tous les mélanomes nécessitent forcément un traitement, mais lorsqu’ils peuvent provoquer une gêne en raison de leur localisation et de leur taille, nous préférons les retirer chirurgicalement dès que possible. Par expérience, nous savons que la tumeur n’est pas très invasive, raison de plus pour laquelle nous préférons les enlever chirurgicalement au plus vite.
Les tumeurs de mélanocytes se développent et grandissent progressivement. Pour cela il est recommandé de les traiter à temps avant qu’elles ne deviennent si grosses qu’une excision complète est compliquée ou même impossible.
Nouvelles tumeurs
Une seule excision ne permet pas toujours de guérir le cheval à vie – de nouvelles tumeurs se forment souvent. Comme les tumeurs se développent généralement assez lentement, une excision peut ajouter de nombreuses années de confort à la vie d’un cheval. Parfois, une excision complète est impossible et il reste du tissu tumoral (par exemple, dans le cas de tumeurs étendues autour de l’anus). Heureusement, l’activation et la croissance plus rapide des mélanomes à la suite d’une excision partielle sont beaucoup moins fréquentes et prononcées que pour d’autres tumeurs. Ceci en contraste avec les sarcoïdes, par exemple, qui présentent un risque élevé d’activation après une intervention chirurgicale, de sorte qu’ils doivent être retirés avec une marge plus importante que les mélanomes.
Procédure délicate
Étant donné l’impact élevé sur le cheval, les mélanomes autour de la queue, de l’anus, du cou, des lèvres, de la langue, de la paupière et des glandes salivaires sont principalement retirés chirurgicalement. Malheureusement, en raison de leur localisation difficile (autour de la moelle épinière et du cerveau), les tumeurs provoquant des symptômes neurologiques ne peuvent souvent pas être traitées chirurgicalement. Les tumeurs situées autour de l’anus et de la queue sont généralement enlevées debout, sous anesthésie locale.
Les tumeurs situées dans d’autres zones sont a priori retirées sous anesthésie générale. L’ablation de mélanomes dans la région des glandes salivaires est une opération extrêmement délicate qui nécessite un chirurgien très expérimenté (image 3).
Traitement non chirurgical
D’autres traitements non chirurgicaux (cimétidine orale ou vaccins autologues) sont moins efficaces.
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