Les bénéfices de la vie en extérieur pour le cheval

Dossier
le bien être du cheval au pré

Le cheval, qu’il soit de loisir ou de sport, est un animal qui a besoin de se déplacer et de bouger toute la journée. A l’état naturel, il parcourt près de 18km/jour pour se nourrir, s’abreuver, répondre à ses besoins primaires et naturels. Nos chevaux domestiques eux parcourent au maximum 7.5km/jour. Quand ils résident dans des petits paddocks de 2500m2, ils parcourent 1km/jour et les chevaux enfermés au boxe h24 ne parcourent eux pas plus de 200m/jour !

Mais alors quelles sont les conséquences de ce manque d’activité naturelle chez nos chevaux ? Quelles sont les répercussions d’un enfermement h24 chez le cheval de sport ? Les chevaux de sport sont souvent considérés comme des animaux fragiles à tort, ils sont comme les autres chevaux, ils ont les mêmes besoins !

Rappelons les besoins fondamentaux des chevaux :

  • L’alimentation et l’eau : les herbivores disposent d’un système digestif qui leur permet de tirer suffisamment de substances nutritives et constitutives des fourrages grossiers tels que l’herbe et le foin. Ce système doit être continuellement ravitaillé en aliments pour qu’il fonctionne, c’est la raison pour laquelle les chevaux ont besoin d’absorber continuellement de petites portions de fourrage grossier. Ils mangent également des herbes, de la mousse, du feuillage, de l’écorce, du bois, des racines, des glands, des plantes aquatiques ou autres, mais leur nourriture principale est constituée d’herbe et de plantes herbacées. On compte environ 30’000 mouvements de mâchoires pour déclencher la sensationde satiété chez le cheval. Après quelques bouchées, le cheval avance de quelques pas. Il ne reste jamais plus de 12 secondes immobileen mangeant.
  • Le mouvement : en conditions naturelles, lorsqu’ils ne sont pas en train de se reposer, les chevaux se déplacent constamment au pas à la recherche de nourriture ou pour changer de lieu. Les allures plus rapides sont rares, elles sont exprimées lors des interactions sociales ou pour la fuite. La capacité de fuir à tout moment est la condition de survie pour tout cheval sauvage car sans sa vitesse, il serait perdu. Sa conformation et son comportement sont donc adaptés à ce besoin. Les déplacements continuels stimulent la circulation sanguine dans l’organisme, nécessaire à la bonne santé des organes internes et de l’appareil locomoteur.
  • Contacts sociaux : les chevaux sont des animaux grégaires et sociaux, c’est-à-dire qu’ils vivent en groupes hiérarchisés. Pour nos chevaux domestiques, le besoin de vivre en compagnie de congénères est extrêmement important, presqu’autant que la nourriture et l’eau. Aucun être humain, aucun autre animal ne peut remplacer un cheval comme partenaire social ! La place occupée dans la hiérarchie dépend beaucoup de l’âge et du tempérament du cheval, ainsi que de son ancienneté au sein du groupe. La capacité à se comprendre est l’une des conditions préalables nécessaires pour vivre dans un groupe caractérisé par des structures sociales et hiérarchiques. Ce n’est qu’ainsi que la vie en groupe est possible. Tous les membres doivent être capables d’envoyer et de recevoir des signaux similaires. Malgré son comportement inné, le poulain doit apprendre les finesses du langage équin et les règles communautaires. Les chevaux communiquent entre eux par de nombreux signaux différents tels que l’expression vocale, l’attitude corporelle et les odeurs.

A ces trois fondamentaux, nous pouvons rajouter :

  • IIs ne doivent pas souffrir de contraintes physiques dans leur environnement, ils doivent grâce à nous pouvoir se mettre à l’abripour se protéger du soleil, du vent, de la pluie tout comme ils le feraient à l’état naturel.
  • Nous devons les garder dans un bon état physique, ne pas les laisser souffrir de douleurs, de blessures ou de maladies en agissant de façon préventive ou de façon curative et rapide lorsque leur santé le nécessite.
  • Et enfin les protéger des situations de peur et de détresse en leur apportant des conditions d’élevage et de gardiennage qui leur évite des troubles comportementaux.

Revenons sur les principales conséquences de l’isolement et du confinement au boxe sur le cheval :

  • Les coliques : plus le nombre d’heures passées en boxe augmente, plus le risque de colique est élevé chez le cheval. S’il est enfermé 24h/24, le taux de risque de faire une colique est à son maximum. Cohen N.D., 2003
  • Les tics ils sont clairement la manifestation d’un mal-être profond chez le cheval qui n’a trouvé que cette alternative pour palier à son enfermement et au stress.
  • Les ulcères gastriques : un cheval en boxe bien souvent reçoit plusieurs repas de concentrés avalés en quelques minutes alors que son estomac n’est pas fait pour recevoir de grosses quantités d’aliments mais pour manger tout au long de la journée. Un cheval sur copeaux par exemple va ingérer 3 à 4 repas de concentrés par jour et une ration matin et soir de foin, le reste du temps il reste l’estomac vide.
  • Les blessures : le cheval au boxe a un trop plein d’énergie puisqu’il est confiné dans un petit espace. Il est parfois difficile de gérer son trop plein d’énergie au boxe mais aussi en main, au travail et lors des sorties aux paddocks. Ces comportements peuvent occasionner des accidents et des blessures pour le cheval mais aussi pour les cavaliers et soigneurs. 

Incontestablement le confinement du cheval au boxe est un non-sens ! L’aspect pratique du cheval en boxe l’emporte sur son bien-être alors qu’un cheval sorti quotidiennement au pré ou au paddock avec de l’herbe, du foin, des congénères, un abri, sera un cheval bien dans sa tête et bien dans son corps avec un impact économique non négligeable puisque les problèmes de santé comme les ulcères ou les coliques se règlent bien souvent par une vie plus adaptée à la physiologie du cheval.

Nous avons rencontré Mary-line qui vit en Gironde et qui est propriétaire d’Argentino, cheval de dressage sortant en compétition amateur et vivant en pension Pré/Boxe. Elle nous livre son expérience depuis que son cheval de dressage n’est plus confiné au boxe et sort chaque jours au pré avec d’autres chevaux.

 

Crédit Photo @Photodine – Mary-line et Argentino.

« Voilà maintenant 6 ans que mon cheval Argentino partage ma vie. Cheval né en Hollande dans ce pays où les jeunes chevaux sont débourrés dans des manèges et profitent rarement des extérieurs à cause des conditions climatiques.

Nous avons toujours été dans des écuries de propriétaires où les chevaux sortent seuls dans des paddocks avec peu d’herbe et peu d’espace pour s’exprimer.

Dans la grande majorité des écuries, les chevaux au boxe sortent seul dans les paddocks, les chevaux de sport étant très souvent ferrés des 4 pieds les accidents peuvent très vite arriver.

Petit à petit mon cheval m’envoie des signaux que j’ai dû mal à décoder. C’est un cheval sensible, très vif et très regardant en extérieur et comme je n’ai pas un tempérament de guerrière, je suis forcée de réduire mes sorties en extérieur de peur d’un accident.

Le temps passe et les signaux envoyés par mon cheval deviennent de plus en plus clair. Il s’échappe du boxe lorsque je le prépare, il embarque la palefrenière lors de sa petite sortie quotidienne au paddock et puis il passe ses journées à m’attendre et s’enferme dans son ennuie. Cette situation entraîne une perte d’état même si Argentino reste volontaire au travail.

Il était de temps d’offrir enfin à Argentino une vraie vie de cheval avec de l’herbe à brouter toute la journée, de grands espaces et des copains !

Je savais exactement quelle pension pouvait accueillir Argentino dans les conditions que je souhaitais pour lui et pour son équilibre physique et mental.

Une rencontre qui allait changer ma façon de voir les choses et la vie de mon cheval en ce Printemps 2018 !

La transition vers ce mode de vie se fit en douceur et au rythme de mon cheval et de ses découvertes pour, arriver à ce jour, à une vie au pré toute la journée avec des copains et la nuit au boxe.

Très vite, j’ai pu constater un changement radical de comportement chez Argentino. Il est devenu plus disponible, moins anxieux et beaucoup plus posé. La vie avec deux autres chevaux lui a fait le plus grand bien !

 Nous avons débuté l’expérience cet été avec beaucoup plus de temps passé dehors et pour le moment tout se passe bien. Je peux à présent dire que mon cheval est heureux, bien dans sa tête, complètement calme en extérieur, très concentré au travail avec une belle énergie comme en concours et un état physique magnifique. A ce jour, il vit complètement dehors en période estivale et rentre uniquement les après- midis de fortes chaleurs. Cet hiver, il passera la journée dehors et les nuitées au boxe.

Notre nouveau challenge est une vie entièrement au pré !

Cette saison de concours a été riche en classement pour Argentino et moi-même malgré une vie au pré ! 6 premières places sur 8 compétitions ! Cette expérience est définitivement une magnifique réussite pour nous deux et pour rien au monde je ne changerais le nouveau mode de vie de mon cheval ! » Mary-line

 

Nous les aimons, ils nous donnent tant alors pourquoi vouloir les enfermer dans une petite boite h24 ? Tous les chevaux et ce quelle que soit leur orientation, méritent une vie digne de leurs besoins primaires, physiologiques et c’est à nous propriétaires, qu’incombe la tâche .

Leur bien-être est de notre responsabilité ! Faites confiance à votre cheval, avec une bonne adaptation, il sera capable de vivre une grande partie de son temps hors de son boxe et de vous donner le meilleur de lui.

L’équipe Cheval partenaire