Quels sont les facteurs de risque et les gestes de premiers secours ?
Avec l’été, la température peut devenir insupportable, aussi bien pour le cavalier que pour sa monture. Le coup de chaleur est l’un des maux potentiellement mortels de l’été. Le cheval étant homéotherme, il peut maintenir sa température corporelle (37,5-38,5°C) grâce à la transpiration et la vasodilatation des vaisseaux sanguins sous-cutanés lorsque la température extérieure devient trop élevée. Le coup de chaleur survient lorsque ces mécanismes d’adaptation ne suffisent plus à maintenir la température corporelle ; celle-ci va alors augmenter et peut dépasser 41°C. Lorsque la température corporelle de tout animal reste trop longtemps élevée du fait d’un phénomène infectieux ou d’un coup de chaleur, cela entraîne un dysfonctionnement de l’appareil circulatoire (la vasodilatation périphérique est à l’origine d’une stase sanguine périphérique qui provoque une augmentation du risque de coagulation intravasculaire et d’une diminution du volume de sang circulant vers les organes) qui engendre un dysfonctionnement des organes internes (cœur, reins, cerveau…), pouvant aboutir à la mort du cheval.
Quels sont les facteurs de risque du coup de chaleur ?
Comment reconnaître un coup de chaleur ?
Le cheval présente :
- Une hyperthermie marquée et persistante (à plus de 40°C, le cheval est en danger)
- Une transpiration excessive
- Des fréquences respiratoire et cardiaque qui restent élevées
- Un comportement apathique
- Des gencives sèches ou collantes
- Un temps de remplissage capillaire (en appuyant avec le doigt sur la gencive, la muqueuse devient blanche – quand la pression est relâchée, la couleur doit normalement redevenir rose en 1 seconde) augmenté
D’autres signes cliniques peuvent être observés, tels que des douleurs musculaires et des signes de coliques (douleur abdominale et diminution des bruits digestifs).
Comment faire baisser la température au plus vite ?
Pour faire baisser la température corporelle le plus vite possible, il convient d’adopter et de combiner différentes bonnes pratiques :
- Arrêter immédiatement le travail du cheval.
- L’amener à l’ombre, dans un endroit frais et ventilé (avec courants d’air, voire utiliser des ventilateurs si besoin).
- Le rafraîchir par tous les moyens possibles (douche, bouteilles, linges trempés…). Arroser doucement la tête du cheval, en n’hésitant pas à marquer un temps plus long sur la nuque (où se situent les centres nerveux responsables de la thermorégulation), puis l’encolure, le poitrail et les membres, avec de l’eau fraîche mais non glacée. Attention, le couteau de chaleur est inutile voir contre-productif, car il diminue le phénomène d’évaporation qui permet au cheval de refroidir.
- Répéter le rafraîchissement aussi longtemps que nécessaire.
- Donner à boire au cheval de l’eau fraîche (et non pas froide) plusieurs fois, en petites quantités (1 à 2 L maximum à chaque prise). L’utilisation de compléments minéraux est controversée.
- Surveiller régulièrement la température rectale. En respectant scrupuleusement le protocole ci-dessus, il est possible de faire descendre la température de 2°C en 10 minutes.
- Si le cheval ne récupère pas assez vite ou présente d’autres symptômes, il est recommandé de faire intervenir un vétérinaire le plus vite possible.
Remarque : Nos compagnons canins, nous suivant souvent dans nos activités équestres, peuvent eux aussi souffrir de coups de chaleur. Dans ce cas, le même protocole peut être suivi.
Selon la gravité du coup de chaleur, le cheval aura besoin d’une période de convalescence plus ou moins importante.
Pour conclure… Le coup de chaleur est un des maux de l’été potentiellement grave, voire mortel, mais sur lequel le cavalier peut agir rapidement pour éviter l’irréparable. Comme le dit si bien l’adage « mieux vaut prévenir que guérir », il convient donc, pendant les périodes de fortes chaleurs, d’éviter le travail intense et les transports, de procurer à son cheval un espace ombragé et ventilé, avec un accès illimité à de l’eau propre et fraîche, voire de le tondre s’il présente une toison trop longue et fournie et, dans le cadre de l’activité sportive, de lui accorder une période de transition de 2-3 semaines avant de réaliser un exercice intense.
Par Gwenaëlle GRANDCHAMP-RENARD (docteure vétérinaire – experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de projets & développement IFCE)
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