Ceux qui ont assisté à un bouchon œsophagien savent à quel point ce moment est angoissant pour le propriétaire et pour le cheval. Il est assez fréquent dans la population équine d’où l’intérêt de savoir l’identifier et d’agir en consequence dès les premiers symptômes. On fait le point avec vous !
On appelle bouchon œsophagien, l’obstruction de la lumière de l’œsophage par des aliments, des morceaux de bois ou encore de la litière (copeaux). Ce phénomène est relativement fréquent surtout chez les poneys très gourmands ou les vieux chevaux.
Il doit être traité en urgence !
Les symptômes de cette obstruction dans la partie haute du tube digestif sont spectaculaires et d’apparition soudaine. En général, le cheval ne termine pas son repas de granulés, il semble anxieux et il manifeste des signes de violentes douleurs. Il allonge son encolure vers le bas et fournit des efforts pour déglutir. Il présente souvent des spasmes douloureux assez spectaculaires. Dans un deuxième temps, un liquide gluant et verdâtre sort de ses naseaux lorsque la tête est dirigée vers le bas. Le cheval ne peut pas vomir, cependant il rejette les aliments par le nez en cas d’obstruction. Quelques dizaines de minutes plus tard, les signes de douleur semblent s’estomper.
Attention, si le cheval refuse toujours de boire ou de manger, il y a fort à parier que la situation ne s’améliorera pas toute seule.
Que se passe-t-il durant ce phénomène ?
Un bouchon s’est formé dans l’œsophage du cheval, l’œsophage est un « tuyau » qui relie la bouche à l’estomac. La salive fait progressivement gonfler ce bouchon, ce qui a pour conséquence de dilater l’œsophage et l’obstruer totalement. Le cheval continue à saliver mais le passage étant bouché, la salive mêlée d’aliments remplit progressivement l’œsophage et finit par déborder par les naseaux (la conformation du pharynx du cheval ne permet pas à l’air de passer par la bouche ni aux aliments de remonter par la bouche, les régurgitations passent donc par le nez).
Bien que très spectaculaire et douloureuse, l’obstruction œsophagienne ne présente pas de danger par elle-même, du moins dans un laps de temps court. Ce qui la rend très dangereuse, c’est le risque de voir les aliments bloqués passer dans les voies respiratoires et provoquer une grave infection pulmonaire de type pneumopathie. C’est de cette infection que le cheval risque de mourir ou de garder des séquelles graves. Le bouchon seul ne peut provoquer qu’une déshydratation progressive du cheval qui n’est plus capable de boire. Le vrai danger, c’est donc la » fausse déglutition », la fausse route des aliments des voies digestives vers les voies respiratoires du cheval.
Comment prévenir le risque d’obstruction œsophagienne ?
Il faut systématiquement et impérativement faire un tour dans les écuries ou les près environ une heure après chaque repas. Lors de cette vérification, il faut s’assurer que toutes les gamelles sont bien vides et qu’aucun équidé ne présente un comportement inquiétant. La cause la plus fréquente de bouchon œsophagien étant une prise du repas trop rapide, il est intéressant de déposer un bloc de sel ou une pierre dans la mangeoire des chevaux particulièrement gloutons.
Les pommes, les carottes et d’une manière générale les fruits ou légumes durs doivent être coupés en biseau et non en rondelles. La pulpe de betterave est également un aliment susceptible de déclencher une obstruction œsophagienne si elle est mal préparée. Pour digérer convenablement, le cheval a besoin de pouvoir bien mastiquer, pour cela, il a besoin d’un contrôle dentaire régulier réalisé par un dentiste équin qui mettra à niveau la table dentaire en limant les surdents qui peuvent l’empêcher de mastiquer correctement.
Certains chevaux devront passer à une alimentation floconnée car elle représente beaucoup moins de risque.
Comment agir en cas de bouchon œsophagien chez le cheval ?
– appeler d’urgence le vétérinaire
– mettre le cheval au calme dans un box en attendant le vétérinaire.
– administrer un antispasmodique en attendant l’arrivée du vétérinaire pour ceux qui savent pratiquer les injections. L’injection doit toujours être effectuée dans la veine jugulaire droite car l’œsophage obstrué se trouve tout près de la jugulaire gauche. Une intraveineuse à gauche peut donc provoquer une vive réaction du cheval. L’antispasmodique calme les spasmes douloureux et peut parfois faciliter le passage du bouchon.
A son arrivée, le vétérinaire va commencer par tranquilliser le cheval par une injection et lui éviter ainsi des douleurs inutiles. Il va ensuite lui introduire une sonde dans l’œsophage, en passant par ses naseaux. A travers ce tuyau, il va verser de petites quantités d’eau tiède, éventuellement associées à un peu d’huile de paraffine. Le bouchon de granulés sera ainsi peu à peu ramolli et poussé vers l’estomac. Une fois le passage libéré, le vétérinaire enverra par la sonde plusieurs litres d’eau dans l’estomac du cheval, afin de le réhydrater et de vérifier que la voie est complètement dégagée. Les jours suivant l’accident, il faudra surveiller attentivement la température rectale du cheval (37°5 à 38°) ainsi que sa respiration.
Il faut impérativement s’assurer que ce dernier ne développe pas une infection pulmonaire à la suite du passage de quelques aliments dans ses bronches. En cas d’apparition d’une toux ou d’un jetage, il faudra immédiatement alerter le vétérinaire afin que celui-ci donne des antibiotiques au cheval et tente de soigner cette infection avant que ses conséquences ne soient trop graves.
Toutefois, si l’obstruction œsophagienne a duré longtemps (plusieurs heures) et/ou si le cheval a été manipulé inutilement, il arrive que le vétérinaire donne d’emblée des antibiotiques au cheval sans attendre l’apparition de signes d’infection pulmonaire. Insistons encore sur le risque majeur de cette surinfection qui peut conduire à la perte complète d’un lobe pulmonaire, d’un poumon et même provoquer la mort du cheval.
Ce qu’il faut retenir :
L’obstruction œsophagienne est assez fréquente. Il est important de toujours couper les pommes et les carottes. Modérer l’ardeur des gloutons avec une pierre dans la mangeoire. Toujours inspecter les écuries une heure après la distribution d’un repas. En cas d’obstruction, se contenter d’isoler le cheval en attendant l’arrivée du vétérinaire.
Gardez présent à l’esprit que le vrai risque du bouchon œsophagien est l’infection pulmonaire.
L’équipe Cheval-partenaire