16 janvier 2019 - Pathologies / Santé

LA MYOPATHIE ATYPIQUE CHEZ LE CHEVAL EXPLIQUEE PAR EQUITOM

Dossier
Le cheval et la myopathie

C’est une maladie musculaire causée par l’ingestion d’une toxine (Hypoglicine A) contenue dans les grains et dans les jeunes pousses de l’érable sycomore et negundo (moins présent sur le sol européen). Un peu d’histoire…En 1940, des écrits ont rapporté des cas de maladies musculaires sévères ayant entraîné la mort d’équidés. Cependant, la myopathie atypique n’a été reconnue qu’en 1985. Suite à cette reconnaissance, les vétérinaires ont pu la diagnostiquer. C’est donc une maladie plutôt récente. Ces dernières années, de plus en plus de chevaux en souffrent. D’ailleurs, des cas sont rapportés dans toute l’Europe mais aussi en Amérique du Nord et les animaux atteints montrent une similitude dans les signes cliniques. Chez Equitom, nous recevons chaque année des cas de chevaux atteints de cette intoxication. Malgré les informations relayées pour prévenir le plus grand nombre de propriétaires de cette redoutable pathologie, les cas augmentent et malheureusement des chevaux en meurent.

Nous espérons que notre campagne d’information aura atteint, en cette nouvelle année 2019, tous les proprié-taires d’équidés.

Comment reconnaître les érables ?

Tous les érables ne sont pas toxiques, pas de panique ! Il existe plusieurs va-riétés d’arbres et les fruits de ceux-ci, les Samares (« hélicoptères »), peuvent se présenter sous diverses formes. Si les deux branches des samares forment un angle d’environ 90°, ils sont toxiques (nom latin : Acer pseudoplatanus, à gauche sur la photo). Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à envoyer la photo de la samare à votre vétérinaire ou chez Equitom à info@equi-tom.be. Afin que notre équipe puisse vous aider, la samare doit-être intacte.

Saisons dangereuses : on rencontre la myopathie atypique généralement en automne et au printemps. Les équidés sont touchés le plus souvent durant l’automne. Cela est probablement lié à des conditions météo-rologiques prédisposantes. En effet, les vents et les pluies plus intenses en cette saison font migrer les graines et les feuilles plus facilement, rendant même vulnérables les chevaux se trouvant dans des prairies dépourvues d’arbres sycomores. Le degré de toxicité des samares varie chaque année et l’ingestion d’une quantité de samares variables, peut entrainer les signes cliniques. Bien qu’il y ait davantage de toxines dans la graine, les feuilles d’Erable sont elles aussi toxiques. Malheureusement, les chevaux n’ont pas conscience du danger et vont en manger, Il semblerait que les jeunes chevaux soient les plus touchés, mais les chevaux de tout âge peuvent être atteints.

Signes cliniques : symptômes


Les graines contiennent une toxine qui va détruire le métabolisme des cellules musculaires provoquant une myopa-thie et une nécrose des cellules. Les premiers signes se présentent sous forme de raideur, faiblesse, muqueuses claires et tremblements musculaires. Les chevaux sont couchés et refusent ou sont incapables de se relever. La fréquence cardiaque est généralement élevée (tachycardie) et les chevaux atteints ont une urine brunâtre (voire noire) puis rouge. Le cheval présentera également une détresse respiratoire. Un diagnostic différentiel reprend d’autres myopathies, coliques, chocs, fourbures, maladies neurologiques et dysautonomie équine. Le plus important diagnostic différentiel est la colique. A la palpation rectale, les chevaux atteints de myopathie atypique présentent souvent une ves-sie distendue, avec parfois des selles sèches couvertes de mucus.

Vétérinaire sur le terrain et examen clinique : le diagnostic est donné par un vétérinaire. Un échantillon sanguin est pris et révélera un taux d’enzymes musculaires très élevé (CK, AST, LDH), potentiellement des valeurs rénales élevées (créatinine et urée), et une augmentation de l’acide lactique. Une hyperglycémie et une hypertriglycéridémie sont souvent présentes. La concentration de calcium et de chloride dans le sang peut être diminuée. Si des prélèvements d’urines sont effectués, la présence de myoglobine en associa-tion à l’historique du cheval (exposition aux samares d’érable) et des signes cliniques, peuvent soutenir l’hypothèse d’une myopathie atypique. Un diagnostic de certitude peut être obtenu grâce à l’évaluation de produits de dégrada-tion du métabolisme énergétique (acyl-carnitises) au niveau du sang.

Traitement à la maison par le vétérinaire traitant : une fois le diagnostic établi, un traitement peut être mis en place. Cependant, le traitement est symptomatique car aucune antitoxine n’est reconnue à l’heure actuelle. Lorsque les signes cliniques sont remarqués, le cheval doit être mis au box et gardé au chaud. Le stress ou l’activité physique doivent être évités, en plus de causer des dou-leurs physiques aigües, ils diminuent les chances de survie. Le cheval peut être traité à domicile, sous l’oeil bienveillant de son vétérinaire traitant, pour éviter tout déplacement. En effet, un facteur stressant comme le transport et l’effort musculaire demandé pour rester debout, peuvent diminuer ses chances de survie.

Traitement de soutien : perfusion, antioxydants (ex. Vitamine E), anti-inflammatoires (en veillant au danger pour la fonction rénale), administration de glucose afin de soutenir le métabolisme musculaire qui ne peut plus utiliser les lipides comme source d’énergie.

Traitement en clinique : le traitement d’un cheval atteint de myopathie aty-pique est très intense et les chevaux nécessitent des perfusions. S’il n’est pas possible de prodiguer les soins à l’écurie, il est évident que le transfert du cheval dans une structure équipée est nécessaire. Chez Equitom, l’équipe vétérinaire se charge de vider la vessie du cheval et de lui placer une perfusion en complément à l’administration d’antioxydants et des vitamines qui sont utiles dans le traitement. L’administration de fluides (par voie intraveineuse ou orale) est la composante la plus importante du trai-tement. Puisque les enzymes muscu-laires peuvent endommager les reins, il est très important de diluer le sang afin de supporter la fonction rénale. Malgré ce traitement, la plupart des chevaux développent des problèmes respiratoires ou cardiaques et meurent dans les 72 heures. Malheureusement, le taux de survie est bas, se situant à plus ou moins 25%. Cette maladie est très douloureuse, pour les chevaux comme pour les propriétaires. Ceux qui s’en sortent peuvent s’en sortir sans séquelle, à part parfois une persistance à moyen terme d’une arythmie cardiaque. L’immunité contre cette maladie n’existe pas. Les chevaux peuvent donc en être victimes plusieurs fois.

Mesures préventives : au vu de l’agressivité de cette intoxication, il est important de rester vigilant. Si un cheval du troupeau est malade, il est très pro-bable que les autres chevaux soient aussi entrés en contact avec les sa-mares. Dans ce cas, tous les chevaux doivent être remis au box. Des vita-mines peuvent être données en prévention et une prise de sang peut être réalisée afin de contrôler ces chevaux. Si une prairie est identifiée comme étant « infectée » (de manière directe ou indirecte), il est recommandé de ne plus l’utiliser d’octobre jusqu’à mai. Cette période est la période la plus à risque pour la myopathie atypique car c’est durant cette saison que les graines et les jeunes pousses d’érables sont présentes. Il est conseillé de nourrir les chevaux en prairie en automne. Le manque d’herbe va les amener à manger des samares, glands, racines qui risquent de les intoxiquer.

Quelques chiffres de cette année 2018 : en clinique, nous avons reçu 10 pa-tients, nous en avons sauvé 6. Notre résultat était supérieur aux 25% (60%).

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