La diarrhée est un problème fréquemment rencontré chez les chevaux. Elle peut être le résultat d’une atteinte intestinale primaire, c’est-à-dire un problème directement lié à l’intestin, ou d’une atteinte secondaire à une autre affection générale, telle qu’une hépatite. Chez le cheval adulte, les diarrhées sont secondaires à une atteinte du gros intestin, alors qu’elles peuvent aussi survenir suite à une atteinte de l’intestin grêle chez les poulains.
Les causes
Dans 60% des cas de diarrhée, la cause initiale reste indéterminée. Les causes sous-jacentes sont diverses et comprennent des infections bactériennes telles que la Salmonellose, des infections virales comme le Rotavirus chez les poulains, des infections parasitaires comme la Cyatosthomose (larves de petits strongles enkystées dans la paroi du gros intestin), ainsi que des intoxications alimentaires dues, entre autres, à des plantes toxiques comme le robinier faux-acacia, le laurier rose ou les glands. De plus, certains médicaments, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les antibiotiques, peuvent déclencher des épisodes de diarrhée respectivement par perturbation des mécanismes de défense de la muqueuse digestive, et par perturbation de la flore naturelle « commensale », indispensable au bon déroulement de la digestion Le stress est un autre facteur déclencheur courant, qu’il s’agisse du transport, d’un changement brusque dans leur alimentation sans période de transition ou d’autres événements stressants.
Parfois, des maladies intestinales chroniques infiltratives, des tumeurs, notamment le Lymphome digestif, ou encore l’accumulation de sable dans l’intestin, connue sous le nom de Sablose, peuvent être à l’origine de diarrhée, et sont souvent accompagnées d’amaigrissement.
Diagnostic
L’identification de la cause sous-jacente permet, lorsque c’est possible, d’administrer un traitement spécifique. La plupart du temps, le traitement est symptomatique, et vise à rétablir l’hydratation du cheval et l’intégrité de la muqueuse intestinale.
Le point de départ est un examen clinique approfondi du cheval. Pour affiner le diagnostic et le pronostic, plusieurs examens complémentaires sont couramment réalisés, notamment :
• Les analyses sanguines, qui permettent de détecter des éventuelles anomalies comme une infection, une perte de protéines, ou confirmer une déshydratation.
• L’examen de fèces peut révéler la présence de parasites (larves ou adultes), de bactéries pathogènes, de sang ou de sable.
• L’analyse microscopique des selles, appelée coproscopie, permet d’identifier les œufs des parasites internes.
• L’échographie abdominale offre la possibilité de visualiser les organes internes, notamment le gros intestin et l’intestin grêle, ce qui peut être utile pour diagnostiquer des problèmes structurels.
• La palpation transrectale permet d’évaluer l’état d’une partie des intestins et de rechercher des anomalies ou des obstructions.
• L’examen radiographique de l’abdomen peut mettre en évidence l’accumulation de sable dans les intestins.
• Une biopsie de la paroi rectale peut être nécessaire pour obtenir des informations supplémentaires lors de suspicion de maladie infiltrative ou tumorale.
En combinant ces différentes méthodes d’investigation, les vétérinaires peuvent être en mesure de diagnostiquer avec précision la cause de la diarrhée chez les chevaux et de recommander un traitement approprié pour assurer la santé et le bien-être de l’animal.
Traitement
Le traitement de la diarrhée passe en premier lieu par le maintien d’une hydratation adéquate. Pour cela, les chevaux peuvent nécessiter une perfusion intraveineuse, supplémentée avec des électrolytes pour compenser les pertes importantes de fluides.
Souvent, des traitements spécifiques doivent être administrés. Pour les affections parasitaires, l’utilisation de vermifuges spécifiques est nécessaire pour éliminer les parasites, et pour les affections bactériennes, des antibiotiques peuvent être prescrits pour traiter l’infection sous-jacente. Cependant, les diarrhées d’origine infectieuse restent rares chez les chevaux adultes et les antibiotiques sont rarement nécessaires.
Les anti-inflammatoires et analgésiques peuvent être administrés pour réduire l’inflammation du système digestif du cheval et soulager la douleur intestinale.
Les produits anti-diarrhéiques comme le charbon activé, ainsi que les probiotiques et les prébiotiques sont administrés pour absorber les toxines, rétablir l’équilibre bactérien et stimuler la croissance et l’activité des « bonnes » bactéries intestinales, bien que leur effet n’ait pas encore été démontré. En cas de sablose, du psyllium est administré par sondage ou directement dans la ration. Si la diarrhée ne répond à aucun traitement, des « transfaunations » peuvent être réalisées : elles consistent à ré-ensemencer la flore digestive du cheval à l’aide de crottins issus d’un cheval sain. Cette technique, facile, sans risque et peu coûteuse, est de plus en plus utilisée.
Enfin, il est primordial de fournir une alimentation facile à digérer, tel que du foin de très bonne qualité.
Est-il possible de prévenir la diarrhée ?
La prévention de la diarrhée chez les chevaux est cruciale pour maintenir leur santé et leur bien-être.
Assurez-vous que vos chevaux ont accès à de l’eau propre et fraîche et qu’ils reçoivent une alimentation constante et équilibrée, riche en fibres. Le foin de qualité est un élément clé pour favoriser une digestion saine.
Établissez un plan de contrôle du parasitisme en collaboration avec votre vétérinaire. Un programme de vermifugation régulier est essentiel pour lutter contre les parasites internes.
Évitez l’utilisation d’antibiotiques sans indication vétérinaire stricte, et limitez la durée d’utilisation des anti-inflammatoires.
Les chevaux sont sensibles au stress, alors maintenez un environnement stable, évitez les changements brusques et minimisez les perturbations pour réduire les facteurs de stress.
Éliminez tout accès à des plantes nocives et assurez-vous que leur alimentation est exempte de contaminants. Menez régulièrement des opérations de nettoyage et de désinfection des infrastructures.
De plus, isoler les chevaux malades et mettre en quarantaine les nouveaux arrivants est crucial pour éviter la propagation de maladies.
En appliquant ces pratiques de prévention, vous pouvez contribuer à maintenir la santé digestive de vos chevaux et minimiser les risques de diarrhée.
Conclusion
La gestion de la diarrhée chez les chevaux exige une compréhension approfondie des multiples causes sous-jacentes et des traitements spécifiques nécessaires pour chaque cas. La collaboration étroite avec un vétérinaire est indispensable pour élaborer un plan de soins adapté à vos chevaux et à leur environnement spécifique.
La prévention joue également un rôle clé dans le maintien de la santé digestive des chevaux, avec des mesures telles qu’une alimentation équilibrée, la gestion du parasitisme, la réduction du stress et la vigilance vis-à-vis des plantes toxiques.
En suivant ces bonnes pratiques, vous pouvez contribuer à minimiser les risques de diarrhée et à garantir le bien-être de vos précieux compagnons équins.
N’oubliez pas que la communication régulière avec un vétérinaire reste la clé d’une intervention rapide et appropriée en cas de besoin.
Nerea Echeberria
Docteur vétérinaire Clinique Equine de Conques
Crédits photos @La clinique de Conques @Shutterstock
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