Pomone de Camarina à Laure Chanel, Crédit photo Cheval-partenaire
L’homme n’est pas le seul être vivant à souffrir de dépression. Les animaux aussi peuvent être touchés notamment le cheval qui vit au plus près de l’homme de par sa domestication.
Suivant l’étude des chercheurs du laboratoire Ethologie Animale et Humaine (EthoS, CNRS/Université de Rennes1) et du laboratoire Physiologie de la reproduction et des comportements de l’Université François-Rabelais/IFCE, les principaux symptômes de la dépression humaine se retrouvent chez le cheval lorsqu’il est soumis à des épisodes fréquents de stress.
Les chevaux domestiques sont soumis, comme les êtres humains, à différentes contraintes environnementales, sociales et/ou liées au travail. Au cours des dernières années, l’équipe de Martine Hausberger au laboratoire EthoS a montré que l’accumulation de facteurs de stress, comme l’isolement social, le confinement, le stress physique ou le stress « psychologique » au travail, peuvent conduire, chez cette espèce, à l’émergence de comportements pathologiques (« tics ») et même agressifs.
Le doctorat de Carole Fureix réalisé dans différents centres équestres, a mis en évidence qu’au-delà de ces réactions « actives », les chevaux peuvent également développer, en dehors de leurs séances de travail, une forme d’apathie caractérisée par des périodes d’immobilité. Cet état profond de fatigue est associé à une fixité de la tête, du regard et des oreilles et à une posture où tout le poids de l’animal est réparti sur l’avant de son corps mais aussi par une indifférence envers les stimuli environnementaux, visuels et tactiles et une anxiété bien plus élevée que la moyenne. Leur regard est beaucoup moins dirigé vers leurs congénères ou vers l’homme et ils ont des difficultés à gérer leurs émotions face à de nouvelles situations ou des nouveaux objets.
En termes de prévalence, Fureix et al. (2010, 2012) indiquent que 18% à 25% des chevaux de centres équestres présentent une attitude évocatrice d’un état dépressif.
Comparaison d’une posture évoquant un état dépressif, une posture d’observation et une posture de repos (gauche à droite) (Fureix et al., 2012)
Le cheval dépressif a la tête orientée vers le mur, les yeux ouverts et le regard fixe, et l’encolure et le dos ne font qu’une seule ligne. Cette posture n’est pas la même lorsque le cheval observe son environnement : il porte dans ce cas la tête plus haute et son regard n’est pas fixe. Posture à différencier également du comportement de repos/veille, où les yeux sont mi-clos, l’encolure restant légèrement relevée et souvent accompagnée d’un appui sur trois membres, le quatrième, un des postérieurs étant en mode « repos ».
Mais alors que faire ?
Il est assez aisé de se rendre compte de l’état dépressif d’un cheval et ignorer ou mépriser ces signes incontestables relevant de la maltraitance.
Notre rôle en tant que propriétaire ou gardien du cheval est de revoir au plus vite les conditions de vie du cheval, cette dépression n’est pas arrivée par hasard !
Cela passe par une revue complète de son mode d’hébergement, de son alimentation, de son activité, de son état de santé physique mais aussi des relations que nous entretenons avec lui. Tout doit être fait pour aider le cheval à retrouver goût à la vie en lui offrant des conditions de vie les plus proches de sa nature et de sa physiologie.
Parfois, ces changements ne suffisent pas car la dépression est trop ancienne ou trop profonde et le recours à des molécules chimiques reste la solution pour aider le cheval à sortir de la dépression et le vétérinaire doit être consulté.
La prévention reste la meilleure des solutions et il est de notre devoir de respecter les besoins fondamentaux de nos chevaux en leur apportant des conditions de vie dignes de leur espèce !
L’équipe Cheval-partenaire
Source : www.cnrs.fr; Vers un modèle animal éthologique de la dépression ? Une étude sur les chevaux, Carole Fureix, Patrick Jego, Séverine Henry, Léa Lansade, Martine Hausberger