18 octobre 2025 - Santé

7 idées reçues sur la coproscopie

Afin de ralentir le développement des populations de parasites résistants aux vermifuges, il est désormais indispensable de raisonner la vermifugation. La coproscopie consiste à observer et compter les œufs de certains parasites excrétés par un cheval dans ses crottins, au microscope. C’est un outil diagnostique permettant de décider de vermifuger ou non un cheval contre tel ou tel parasite, en fonction de l’excrétion d’œufs de parasites observée : on parle de vermifugation sélective. À la coproscopie, on observe principalement des œufs de strongles, d’ascarides et d’anoplocéphales. Plusieurs méthodes existent et sont plus ou moins adaptées en fonction de l’objectif recherché, et notamment du parasite que l’on cible.

Idée reçue n°1 : « Il n’y a pas de lien entre l’excrétion d’œufs de strongles observée à la coproscopie et la charge parasitaire (nombre de strongles dans l’organisme du cheval). »

FAUX – Une corrélation a été établie entre excrétion et charge parasitaire pour un résultat coproscopique inférieur à 500 œufs de strongles par gramme de crottin (opg). Ainsi, un équidé qui n’excrète pas d’œufs de strongles à la coproscopie est très faiblement parasité par des strongles adultes. Au-delà du seuil de 500 opg, en revanche, cette corrélation n’existe plus : cela signifie qu’un cheval excrétant 800 opg à la coproscopie n’est pas forcément moins parasité qu’un cheval excrétant 2 000 opg.

Idée reçue n°2 : « La coproscopie n’est utile que pour compter les œufs de strongles, pas pour les autres parasites. »

FAUX – La coproscopie classique, appelée Mc Master, est effectivement utile pour identifier les équidés forts excréteurs d’œufs de strongles. Elle permet également de confirmer la présence ou non d’ascarides chez les poulains. D’autres méthodes de coproscopie existent et sont plus performantes pour observer des œufs d’anoplocéphales (ténias) et d’ascarides, comme les méthodes de Proudman et Flotac respectivement. En revanche, la coproscopie n’est pas utile en ce qui concerne les oxyures : les œufs adhèrent à la région périanale et ne sont donc pas ou peu présents dans les crottins. Pour ce parasite, il est préférable d’observer les œufs en les récupérant à l’aide d’une bande adhésive.

Idée reçue n°3 : « La coproscopie ne permet pas de différencier les œufs de petits et de grands strongles. »

VRAI – Les œufs de petits et grands strongles sont morphologiquement identiques. Dans les écuries dans lesquelles une à deux vermifugation(s) par an persistent, les grands strongles sont très rares. En revanche, en cas de vermifugation sélective, avec certains équidés qui ne sont pas vermifugés du tout, il est possible que les grands strongles réapparaissent. Il est alors recommandé de réaliser une coproculture (mise en culture des œufs) à l’échelle de la structure pour observer les larves issues des œufs au microscope et vérifier l’absence de larves de grands strongles, différenciables de celles des petits strongles.

Idée reçue n°4 : « La coproscopie a peu d’intérêt chez les poulains. »

FAUX – La coproscopie est utile à tout âge. Elle permet d’identifier les parasites qui infestent majoritairement les poulains (ascarides, strongles et/ou anoplocéphales) afin de choisir le vermifuge le plus adapté. Elle permet également d’évaluer l’efficacité d’un vermifuge, en comparant l’excrétion des animaux en œufs avant traitement avec celle 14 jours post-traitement.

Idée reçue n°5 : « Pour connaître de façon fiable le statut excréteur d’un équidé vis-à-vis des strongles, il est conseillé de ramasser ses crottins pendant 5 jours consécutifs. »

FAUX – Une seule session de ramassage suffit. En revanche, il est important de prélever des morceaux de crottins à différents endroits afin d’avoir un échantillon homogène, les œufs de strongles pouvant être agglomérés dans certaines zones du crottin.

Idée reçue n°6 : « Le crottin doit être immédiatement analysé après prélèvement. »

FAUX – Il est possible de conserver le prélèvement au réfrigérateur et de retarder l’analyse jusqu’à 7 jours sans dégradation de la qualité des œufs et différence de résultat.

Idée reçue n°7 : « Si un cheval a de la diarrhée ou est amaigri, la coproscopie est une bonne méthode diagnostique pour savoir si cela est dû aux petits strongles. »

FAUX – Les épisodes de diarrhée et l’amaigrissement ont de multiples causes. Il n’y a pas de lien entre le résultat coproscopique et le nombre de larves de strongles enkystées dans la paroi de l’intestin (dont la sortie en masse peut provoquer des diarrhées) et un amaigrissement. Enfin, un prélèvement diarrhéique peut fausser le résultat d’une coproscopie. 

Marie DELERUE (docteure vétérinaire – experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de recherche & développement IFCE) et Aurélie MERLIN (Anses) – Unité mixte technologique (UMT) « Santé et bien-être des équidés – Organisation et traçabilité de la filière équine » (SABOT)

Le logo de l'IFCE

Retrouvez aussi…