Slowfeeders pour l’alimentation du cheval

Publi-rédaction
Alimentation du cheval

Slowfeeders : 8 points pour une utilisation raisonnée

Manger pendant 15 heures par jour, en broutant en continu, par petites quantités ? Sachant qu’un kilo de foin est ingéré en 40min environ et une ration de concentrés en quelques minutes seulement, les chevaux hébergés en box individuel, pour peu qu’ils reçoivent une ration correcte de minimum 9kg de foin, passeront au mieux 6h à s’alimenter dans la journée. Autant dire qu’on est loin du compte ! La conséquence ? Ce mode d’alimentation, très éloigné de son régime alimentaire à l’état naturel, expose le cheval à de longues périodes de jeûne, non seulement néfastes pour sa physiologie digestive, donc sa santé, mais aussi pour son bien-être. Face à cette problématique, des modes d’équipement existent pour ralentir la vitesse d’ingestion et tenter de mieux respecter les besoins physiologiques du cheval : les slowfeeders.

Bien comprendre le rôle des slowfeeders

Filets, grilles et autres râteliers à trous… les slowfeeders sont des dispositifs qui allongent le temps d’ingestion du fourrage en réduisant le volume des bouchées. Autrement dit, à quantité de fourrage égale, le cheval met plus de temps pour ingérer la ration. Cela lui permet d’une part de mastiquer plus longtemps, ce qui favorise une bonne usure des dents, mais aussi de produire davantage de salive pour tamponner l’acidité gastrique liée à la production continue d’acide chlorhydrique dans l’estomac. L’augmentation de la période de prise alimentaire quotidienne (jour et nuit) est également un bon moyen de limiter l’ennui au box. Ces dispositifs présentent enfin l’avantage de limiter le gaspillage.

Savoir quel équipement choisir

Une grande variété d’équipements sont disponibles sur le marché, aussi bien en termes de matériaux (métal, plastique, caoutchouc, bois, coton…) que de formes (bac déposé à terre recouvert d’une grille rigide qui descend au fur et à mesure de la consommation, filets à petites mailles suspendus ou placés dans un râtelier, coffre à trous…) à suspendre ou fixer, en hauteur ou à même le sol. Voici quelques recommandations pour vous aider à vous y retrouver :

  • Afin de respecter au mieux sa nature, privilégier les dispositifs permettant au cheval de manger dans une position naturelle, c’est-à-dire encolure orientée vers le bas, à la verticale entre les antérieurs, sans torsion latérale des cervicales.
  • Pour les filets à petites mailles : plus les mailles sont petites, plus la préhension du foin est difficile et plus la quantité de foin extirpée du filet est faible. Lorsque le fourrage est plus humide (enrubanné) ou humidifié (mouillé ou étuvé), il sera davantage compacté et encore plus difficile à extraire du filet par le cheval.
  • La facilité d’approvisionnement en fourrage du dispositif est un autre critère de choix (volume disponible, ouverture pour introduire le fourrage).

Connaître les risques

L’accès au fourrage étant plus restreint, les slowfeeders présentent l’inconvénient de devenir potentiellement source de frustration voire de stress pour le cheval. Dans différentes études, des phénomènes de frustration et refus d’alimentation ont été observés lorsque la taille des mailles était inférieure à 4,5 cm.

En mangeant, il arrive aussi que ce dernier adopte de mauvaises postures, notamment au niveau du bloc tête-encolure, favorisant l’apparition de troubles musculo-squelettiques. Cela est d’autant plus vrai dans le cas de systèmes fixés en hauteur ou suspendus, qui empêchent le cheval de s’alimenter dans une position naturelle. Enfin, les nœuds du maillage et/ou la nature des matières peuvent provoquer une usure anormale des dents, une altération des vibrisses, des blessures au niveau du bout du nez et des gencives/lèvres ou encore des lésions cutanées (zones dépilées sur le chanfrein…). Pour toutes ces raisons, l’utilisation de slowfeeders est déconseillée pour les chevaux âgés avec des problèmes de dents et pour les chevaux maigres ou malades.

Avec les filets, les chevaux peuvent se prendre les membres dedans. Pour éviter cela, les filets devront être attachés sans traîner au sol et seront de toute façon peu adaptés pour des chevaux ferrés. De plus, s’ils sont mal tendus, le cheval trouvera vite la ruse pour extirper le foin sur les côtés sans passer par les mailles.

Ajuster la quantité/qualité nutritive du foin aux besoins du cheval

Ce point est valable même sans utilisation de slowfeeders. Un cheval de sport, un jeune cheval en croissance ou une poulinière en lactation ont des besoins élevés. Pour ces catégories de chevaux, privilégier l’apport d’un fourrage riche, récolté précocement. Des chevaux à l’entretien ou au travail léger, à faibles besoins, s’accommoderont d’un foin fibreux, récolté plus tardivement. Dans tous les cas, apporter une quantité de fourrage quotidienne correspondant à minimum 1,25% du poids vif (PV) du cheval en matière sèche (optimum compris entre 1,5 et 2% du PV en matière sèche) – soit entre 7,5 et 11,5kg de foin brut/cheval/jour pour un cheval de 500kg.

Attention, le slowfeeder ralentit l’ingestion mais ne limite pas la quantité ingérée lorsque le dispositif est placé sur du fourrage en libre-service. Dans le cadre d’un régime ou non, il en va de même lorsque le fourrage est distribué de façon rationnée (en plusieurs repas) : le slowfeeder rallonge juste le temps d’ingestion.

Veiller à la qualité sanitaire du foin

Tout comme les valeurs alimentaires, la qualité sanitaire du foin – absence de poussières, moisissures et autres pathogènes – est un point de vigilance important et ce, d’autant plus dans le cas de compartiments clos et lorsque le fourrage est comprimé. Le cheval sera moins apte à trier avec ses lèvres et plus exposé à l’inhalation de particules.

Prévoir une période d’habituation progressive

Afin de familiariser le cheval à l’équipement, introduire progressivement le dispositif dans son environnement. Au début, placer le dispositif rempli de foin tout en poursuivant la distribution habituelle de foin en parallèle, puis réduire peu à peu la distribution en vrac jusqu’à en donner exclusivement dans le dispositif.

Observer le comportement du cheval et s’adapter

Dès le début, certains chevaux n’y prêteront même pas attention et s’y accoutumeront très vite, d’autres auront besoin de plus de temps et quelques-uns ne s’y feront jamais… Comme toujours, tout dépend du tempérament du cheval. En restant le plus discret possible, observer le comportement du cheval afin de repérer rapidement d’éventuels signes de frustration, de stress, d’inconfort ou de refus, révélateurs d’une altération du bien-être. C’est le signe qu’un ajustement du dispositif est peut-être nécessaire. Si le cheval refuse de manger, utiliser au départ un maillage plus important pour une partie du foin, puis réduire de façon progressive avec un petit maillage pour les chevaux très « goulus ».

Vérifier régulièrement l’équipement

Dans les bacs, retirer régulièrement les refus et nettoyer le compartiment pour enlever la poussière. L’humidité favorisant le développement de micro-organismes, cela sera d’autant plus important dans le cas d’une distribution de foin humidifié.

Enfin, veiller au bon état du matériel pour limiter les risques de blessures (pièces cassées à bord tranchant ou pointu…). Dans le cas de filets suspendus, réajuster très régulièrement la tension des filets pour limiter les accidents (prises de membres) et vérifier que les mailles ne sont pas percées.

Pour conclure ? Vous l’aurez compris, l’usage de slowfeeders demande donc un suivi quotidien des chevaux (examen de la bouche et observation de la prise alimentaire) et une inspection régulière de l’équipement. Modification du budget temps, fréquence d’apparition des stéréotypies, postures d’alerte/alarme, agressivité envers l’homme ou les congénères, indifférence à l’environnement… on connaît encore trop peu les conséquences de l’utilisation de slowfeeders sur le comportement et la santé des chevaux (des études sont en cours pour mesurer ces effets…). En rallongeant le temps d’ingestion et en réduisant les périodes de jeûne, ces équipements pourraient réduire les périodes d’ennui favorables au développement de stéréotypies et au mal-être. Mais ils ne suffisent en aucun cas à satisfaire pleinement les besoins physiologiques et comportementaux du cheval (activité locomotrice régulière, comportements sociaux…).

Par Nelly GENOUX et Pauline DOLIGEZ (IFCE)

Le logo de l'Ifce