« Marcher au pas ? Mais pour quoi faire ? C’est ennuyant et en plus ça ne sert à rien. » Détrompez-vous, l’exercice au pas, pas si simple qu’il n’y paraît, est un exercice physique à part entière, pour peu qu’on y accorde de l’importance, et un excellent moyen de travailler son cheval tout en préservant sa santé. De la promenade d’aération à la récupération post- effort, en passant par la mise en condition ou encore la rééducation… zoom sur les bienfaits de l’exercice au pas.
Comment rendre l’exercice efficace ?
Un cheval « calme, en avant et droit » : c’est un principe de base, quel que soit le travail demandé. Le pas doit être actif, c’est-à-dire avec un cheval qui se propulse en engageant ses postérieurs sous la masse (≠ tracte avec ses antérieurs). L’observation des traces laissées par les sabots est un bon critère de réussite : le postérieur doit venir se poser devant la trace de l’antérieur (on dit alors que le cheval se « méjuge »). Il faut également veiller à la rectitude (cheval droit d’épaules et de hanches) et à garder un cheval décontracté, délié, avec une attitude naturelle (encolure à l’horizontale à légèrement soutenue suivant le travail demandé, bout du nez qui ne descend pas en-dessous des genoux et toujours en avant de la verticale, cheval sur la main).
Un pas lent, souple et cadencé : il faut rechercher de la décontraction / du relâchement dans le fonctionnement du cheval, un pas long avec une grande foulée (≠ court et saccadé) ainsi qu’une allure avec une cadence et une amplitude constante. Cela passe parfois par un ralentissement.
Des balades en extérieur, si possible en terrain varié : en extérieur, le cheval est tout de suite beaucoup plus motivé et plus naturellement dans le mouvement en avant. Il est alors plus facile d’avoir un cheval dans un pas actif, avec un dos bien soutenu. Lorsque c’est possible, des sorties régulières au pas avec du dénivelé favorisent le renforcement musculaire du cheval, sans que l’exercice ne soit traumatisant. Le cheval doit pousser franchement avec ses postérieurs dans les montées et s’équilibrer/se tenir de lui-même dans les descentes, sans variation d’allure et de cadence.
Des sorties régulières, de 20 minutes minimum à plus d’1h de temps : même à une allure lente et peu traumatisante pour le système musculo-squelettique du cheval, l’intensité de la sortie peut varier en fonction du dénivelé, de la durée de la séance et/ou du rythme imposé au cheval. Et oui, le pas n’est pas une allure réservée aux « promenades de grand-mère » ! L’intensité sera bien sûr à adapter à la condition physique du cheval (en fonction de son âge, de son niveau d’entraînement, de sa santé…) et aux objectifs recherchés de la séance. Mais, comme dans tout sport, c’est la régularité qui fera la différence : mieux vaut une ou deux balades de 30 min à 1h par semaine, réalisée(s) dans de bonnes conditions et de façon raisonnée, qu’une grande randonnée d’un ou plusieurs jour(s) trois fois par an. Les temps de « demande » sont courts (5-10 min) et entrecoupés de moments de pause, rênes longues.
Quels bénéfices ?
S’il est bien fait, le travail au pas est un exercice physique complet, pas traumatisant, qui présente de nombreux avantages, aussi bien pour la santé physique que mentale du cheval, dans diverses situations du quotidien :
Ça va sans le dire, mais ça va mieux en le disant. On le répète, l’intensité de la séance est à adapter au cas par cas, suivant l’état de forme du cheval et l’objectif recherché. Une sortie de rééducation après convalescence sera par exemple plus courte qu’une sortie pour travailler le souffle, plutôt sur du plat et non pas du dénivelé, et à un rythme bien moins soutenu. Dans le cadre d’une tendinite, il faudra également prendre en compte le type de sol : proscrire le travail en terrain profond, plutôt faire marcher le cheval sur un sol ferme, pour ne pas faire forcer le tendon fragilisé. C’est le protocole vétérinaire qui vous détaillera la bonne démarche à suivre.
Ce qu’il faut retenir : Échauffement avant une séance ou récupération post-effort, remise en route, entretien, détente, apprentissage, moments de complicité avec son cheval… vous l’aurez compris, quels que soient l’âge du cheval, sa forme et son niveau d’activité physique, la discipline pratiquée… le travail au pas est un très bon exercice, facile à mettre en œuvre et bénéfique à tous points de vue (bien-être physique et mental) dans diverses situations. Le tout est d’adapter les exigences en jouant sur la durée de la séance, le dénivelé et le rythme demandé au cheval pour préserver son intégrité physique. De la même façon, le cheval n’étant pas le seul athlète, ces principes sont aussi valables pour le cavalier. La condition physique est un facteur clé pour le bien-être, la longévité et la performance du couple, pas seulement en compétition, mais aussi au quotidien. Alors pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ? Profiter d’un travail à pied, d’une balade en main en pleine nature… pour se préparer ensemble à un effort avec son cheval. Vous n’y trouverez que des avantages dans votre pratique équestre et renforcerez le lien avec votre monture.
Crédit photo @IFCE @Flaticon © B. Lemaire