Une étude a été menée sur le site IFCE de Saumur auprès d’une cohorte de cavaliers en formation. Elle a fait l’objet d’un mémoire en vue de l’obtention du DE de masso-kinésithérapie (Chalard, 2020). Un des objectifs du mémoire était d’évaluer les prévalences de rachialgies chez de jeunes cavaliers futurs professionnels et de faire le lien avec les stratégies à mettre en place et le développement de moyens pour évaluer leur efficacité.
Le Pôle de formation IFCE – Cadre noir de Saumur propose des formations équestres s’adressant aux professionnels de l’équitation, ainsi qu’aux cavaliers de compétition. De jeunes cavaliers amateurs (moins de 25 ans) y suivent une formation double professionnelle/universitaire pour devenir des cadres de la filière équine, du BPJEPS au DESJEPS. Le travail mené confirme et complète les données de l’étude de type épidémiologique réalisée en 2016 avec des cavaliers professionnels. Ces résultats sont d’autant plus importants qu’ils reflètent la situation de début de carrière avec ce groupe de 50 jeunes cavaliers âgés de 23 ans en moyenne. C’est le groupe de la première année de formation qui est le plus touché par les rachialgies et cette étude montre bien l’importance de prendre en compte tous les facteurs de risque des rachialgies, y compris les risques psychosociaux, avec des jeunes dont les conditions de vie et le rythme changent brutalement. Ces douleurs doivent être prises en charge afin de limiter le risque de chronicisation, qui impacterait la performance et leur future situation professionnelle. Une prise en charge complète pourrait être mise en place dès le début de la formation. Elle doit être transdisciplinaire, c’est-à-dire aussi bien psychosociale, médicale que sportive… Et malgré les efforts de ces dernières années effectués au sein de la formation, on constate encore un fossé entre les connaissances des cavaliers en formation et leur pratique.
Depuis quelques années, le site de Saumur met en place des actions de prévention des rachialgies dans le cadre de la formation des futurs enseignants et entraîneurs. Ils ont accès à un staff médical et paramédical (médecin du sport, kinésithérapeute, psychologue, diététicien) qu’ils peuvent consulter sur place par RDV. Des travaux pratiques sont dispensés pour rappeler les gestes ergonomiques à adopter pour toutes les tâches à pied (boxes, pansage, curage de pied…). Rappelons que l’étude de type épidémiologique menée en 2016 avait pointé du doigt les tâches à pied, tandis que l’équitation était plutôt salvatrice ; à condition, bien sûr, d’adopter un fonctionnement « juste » pour préserver l’intégrité physique du rachis, ceci n’étant possible qu’avec une bonne condition physique, un bon engagement des muscles posturaux et mobilisateurs du tronc (abdominaux et spinaux). C’est la raison pour laquelle des séances d’activité physique sont proposées comme outil à mettre en place dans leur future activité professionnelle. De plus, ils pratiquent pendant tout leur cursus du judo en première année, du taïso en deuxième et du jujitsu en troisième (voir livre : Collectif, 2019. Equitation et judo, les transferts d’apprentissage. IFCE, 84 pages).
Il s’agit dès la rentrée prochaine de renforcer l’information sur les risques et les gestes protecteurs pour le dos des cavaliers et ceci dès le début de la formation. Il s’agit également d’instaurer des bilans qui leur permettront d’avoir des repères d’évolution dans leur pratique mais aussi de prévenir fatigue, douleurs et blessures. Pour mieux gérer les sollicitations musculaires, les attitudes et postures non adaptées ainsi que les contraintes organisationnelles, le bilan personnalisé sera composé d’indicateurs biomécaniques mesurés en situation (Mazarin®), un suivi de l’état corporel (Zmetrix®) et des indicateurs psychosociaux (questionnaire et coaching). D’autre part, le recrutement récent d’un préparateur physique va permettre d’assurer la préparation physique générale et spécifique pour tous les cavaliers en formation. Il participera activement à l’équipe d’enseignants et chercheurs pour enrichir la réflexion, les actions et la production de ressources pédagogiques sur la thématique santé/préparation physique des acteurs de la filière équestre.
Par Sophie BIAU et Nicolas SANSON (IFCE)
Bibliographie
BIAU S., BRUNET R. et ROQUELAURE Y. (2016). Etude épidémiologique chez le cavalier professionnel : prévalence et facteurs de risque des rachialgies. 42ème Journée de la Recherche Equine, pages 137-140.
CHALARD B. (2020). Rachialgies du cavalier en formation professionnelle. Mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’état de masso-kinésithérapie, CHU de Poitiers, juin 2020.