25 octobre 2022 - Santé

Les problèmes d’ovaires chez la jument

Les problèmes d'ovaires chez la jument

Les pathologies ovariennes de la jument seront évoquées dans le cadre de sa locomotion, les différentes affections évoquées pourront parfois nous ramener évidemment à des troubles gynécologiques au sens strict du terme.

Les juments montrent souvent des caractères plus marqués à la différence des hongres, qui ne subissent plus d’imprégnation hormonale. Incontestablement ce commentaire ne doit cependant pas être une généralité.

La médecine vétérinaire ne doit pas attribuer aux animaux des réactions humaines mais évidemment l’interprétation de l’expression de certaines affections doit passer par de l’anthropomorphisme. Les douleurs ovariennes font évidemment partie de ces pathologies. Cela serait tellement plus facile si nos chevaux étaient doués de parole…

Les ovaires selon la phase du cycle peuvent induire des douleurs et leur production hormonale des troubles du comportement. Mais attention, les problèmes ovariens ne doivent pas être une explication passe partout à tous les problèmes des juments.

Petit rappel sur le cycle ovarien

Le cycle normal de la jument dure environ 21 jours. Les follicules se développent sur les ovaires sous influence des hormones. Le follicule dominant ovule (parfois plusieurs) laissant alors place à l’apparition d’un corps jaune. L’ovaire est alors en pause puis un nouveau cycle débute. Selon la phase du cycle, l’ovaire voit sa taille modifier tout comme son poids. Les ovaires vont sécréter des hormones principalement l’œstrogène et la progestérone dont les quantités vont fluctuer selon la période du cycle, si gestation ou non…

Quels examens réalisés ?

Lorsque des problèmes d’ovaires sont envisagés, la première chose est de contrôler échographiquement le tractus urogénital (ovaires/utérus).

Un appareil génito-urinaire sans anomalie est le plus souvent constaté mais certaines phases du cycle (ovulation…)  peuvent amener à des comportements anormaux ou douloureux alors qu’au demeurant au niveau fonctionnel tout va bien chez votre jument.

Un examen est donc recommandé afin de juger de son bon fonctionnement et/ou de la présence d’images anormales. En cas de doute ou d’images singulières, une répétition de l’examen est indiquée afin d’éviter un diagnostic trop rapide potentiellement erroné.

Dans certaines situations, des dosages hormonaux par le biais d’une prise de sang pourront également être réalisés, des diagnostics d’hyperprolactinémie ou d’hypertestostéronémie pouvant être faits.

Des cas de cushing peuvent parfois être à l’origine de cette augmentation du taux de prolactine mais cette sécrétion anormale est le plus souvent idiopathique. La production anormale de testostérone est elle à mettre en relation avec une tumeur ovarienne.

Quelles pathologies sous-jacentes éventuelles ?

Les pathologies ovariennes au sens strict du terme sont le plus souvent :

• Les tumeurs ovariennes (les tumeurs de la granulosa le plus généralement (2.5% des néoplasies du cheval) ou des tératomes plus rarement) : on notera généralement à l’échographie une structure dite en « nids d’abeille ». Un dosage de l’hormone anti mulérrienne (AMH) peut également être réalisé (sensibilité de 95%), voire est recommandé afin de confirmer le diagnostic. Ce type de trouble engendre le plus souvent des modifications constantes du comportement chez la jument (non cyclique) et ce jusqu’au retrait de l’ovaire. Une fois l’ovaire tumorale retirée, le deuxième ovaire qui s’était mis en « pause » retrouve une activité normale progressivement.

Les ovaires des juments
ECHOGRAPHIE – Tumeur Granulosa
Les problèmes d'ovaires chez la jument
Tumeur Granulosa – dits nids d’abeille

Les follicules kystiques sont des follicules de taille substantielle « refusant » d’ovuler. Ce type de pathologie est rare. Le plus souvent on rencontre des follicules pseudo kystiques consécutifs à une sécrétion anormale d’œstrogène et qui vont répondre à des traitements hormonaux, permettant ainsi de résoudre le problème. Dans le cas de follicule kystique vrai perturbant l’activité hormonale de la jument, une exérèse chirurgicale du follicule ou de l’ovaire est alors nécessaire.

Des corps jaunes hémorragiques de taille anormale : ce type de pathologie est également peu fréquent. Classiquement en l’absence d’évolution spontanée ils vont répondre à des traitements hormonaux, permettant ainsi de solutionner le problème. Un suivi échographique est nécessaire.

Les ovaires des juments
ECHOGRAPHIE – Corps jaune

Quelles conséquences observables sur votre jument ?

Ces différentes pathologies peuvent être source de modification du comportement de la jument (nymphomanie, absence de chaleur, rétivité au travail, hypersensibilité au pansage ou à la botte…).

Les problèmes d’attitude sont fréquemment caractérisés comme suit :

Les juments dites « pisseuses », ces juments présentent des modifications constantes de leur comportement rendant leur utilisation délicatevoire impossible.

• Les juments présentant des dorsalgies ou des réactions de défense secondaires aux chaleurs. Dans ce type de situation, la manière la plus simple de faire le lien entre les deux pathologies est d’observer la temporalité des problèmes. Une douleur de dos en rapport avec des problèmes d’ovaire sera évolutive selon les périodes du cycle, empêchant ou gênant l’utilisation de la jument à certains moments et le tout avec une répétition cyclique. Les problèmes disparaissent le plus souvent en hiver ou tout au moins s’atténuent. Cependant il est important de noter que certaines juments restent cyclées tout au long de l’année.

Quels traitements ?

Dans ces deux types de situations, différentes alternatives thérapeutiques vont s’offrir à nous.

La première va consister à placer la jument sous traitement phyto-thérapeutique. De nombreux produits existent sur le marché. Malheureusement aucun ne semble efficace de manière garantie. La sensibilité est individuelle et cette option thérapeutique nécessite donc des essais multiples afin de trouver peut-être le traitement idoine.

La deuxième consiste à administrer un traitement à base de progestérone afin de stopper l’activité ovarienne de la jument, revenant alors à prendre une « pilule ». Le traitement autorisé est le Regumate®, la dose administrée devant être déterminée par votre vétérinaire (dose généralement supérieure à la dose utilisée dans le cadre d’un suivi de reproduction). Le coût journa-lier du traitement peut être un frein. Des alternatives par voie injectable existent mais ne sont pas autorisées en compétition.

La troisième est la mise en place d’un implant métallique dans l’utérus, l’objectif étant de modifier les sécrétionslocales d’hormone et donc d’influer sur le comportement. De notre expérience, ce type de technique semble fonctionner dans 50% des cas.

Une vaccination anti GnrH est la quatrième alternative, entraînant un arrêt de l’activité ovarienne. Il faut cependant savoir que certaines juments (8 à 44% selon les études) resteront stériles à vie suite à ce type de traitement et d’autres juments y répondront peu ou pas. Des rappels sont donc le plus souvent nécessaires à une fréquence qui sera propre à chaque individu. L’efficacité est en général d’au moins 6 mois. Cette alternative est autorisée ou non selon la discipline de votre jument.

La cinquième va consister à retirer les ovaires de la jument comme l’on pourrait castrer un étalon. L’intervention est intéressante sur les juments répondant bien au Régumate®. C’est une chirurgie qui sera réalisée sous laparoscopie, ne nécessitant pas une anesthésie générale.

Les ovaires des juments
Ovaire

Dans tous les cas et ce quel que soit la pathologie, les alternatives chirurgicales ne nécessitent pas une intervention en urgence (sauf cas rare) et devront être bien discutées avant d’être réalisées.

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