22 juillet 2020 - Santé

les points clefs du syndrome de Cushing

Dossier
Le cushing du cheval

Signes d’appel, diagnostic et traitement :

La maladie de Cushing un désordre hormonal des équidés dû à une dégénérescence des neurones dopaminergiques de l’hypothalamus. Il est caractérisé par des taux élevés de cortisol et de neuromédiateurs dans le sang, responsables de nombreuses anomalies cliniques.

Cette maladie a été sous-diagnostiquée et, par là même, sous-estimée jusqu’à la fin du 20ème siècle. Or, certaines études épidémiologiques rapportent qu’elle affecte environ 15 à 45 % des chevaux de plus de 15 ans.

abcès dentaire chez le cheval
Fistule en relation avec un abcès dentaire chez une ponette souffrant de syndrome de Cushing – Crédit @Emmanuelle Druoton

Tableau clinique peu évocateur en début d’évolution

Le syndrome de Cushing débute insidieusement et le diagnostic clinique peut être difficile au stade précoce de l’affection car les symptômes sont alors peu spécifiques : baisse de forme, troubles de la relation sociale, mue retardée, touffes de poils persistantes, changement de conformation corporelle associée à une perte de la masse musculaire.

Les chevaux sont souvent présentés initialement pour de la fourbure : un cheval atteint de Cushing sur deux présente une fourbure, mais également un cheval en fourbure sur deux présente un syndrome de Cushing !

D’autres signes cliniques apparaissent au stade avancé : hypertrichose généralisée, également appelée hirsutisme, qui est un signe caractéristique de la maladie, atrophie musculaire et abdomen distendu avec fonte musculaire de la ligne du dessus, dépôts graisseux régionaux (notamment autour des yeux), léthargie marquée, problèmes dentaires, sudation excessive, sensibilité aux infections secondaires, infertilité et, très rarement, des signes neurologiques. Il a été récemment rapporté que les lésions tendineuses du ligament suspenseur du boulet sont fréquentes chez le cheval atteint de syndrome de Cushing.

Physiopathologie : comment se développe la maladie ?

Le cushing du cheval
Schéma des mécanismes physiopathologiques

L’hypothalamus et l’hypophyse, situés à la base du cerveau équin, sont le centre de commande et de contrôle de la production d’hormones de tout l’organisme. L’hypothalamus contrôle l’hypophyse par le biais de neurones qui produisent de la dopamine, l’hypophyse agit à son tour sur les surrénales (petites glandes situées près des reins) par l’action de l’ACTH. Les surrénales ainsi stimulées par l’ACTH produisent du cortisol, en plus ou moins grandes quantités, en fonction de l’intensité de la stimulation.

Le syndrome de Cushing résulte d’une dégénérescence des neurones de l’hypothalamus qui produisent la dopamine, contrôlant l’hypophyse. Les neurones dopaminergiques de l’hypothalamus exercent normalement une action inhibitrice sur l’hypophyse. Cette action inhibitrice diminue suite à des dommages de type oxydatif et de dégénérescence liés au vieillissement. La résultante est une production accrue d’hormones par l’hypophyse (ACTH et autres molécules comme l’α-MSH et les β-endorphines) et une hyperstimulation synergique des surrénales, ce qui induit en cascade, une production accrue d’hormones de « stress » comme le cortisol.

Le dosage de l’ACTH, le test de référence pour le diagnostic

En cas de suspicion clinique d’un syndrome de Cushing, le vétérinaire procède à des dosages hormonaux, notamment le dosage de l’ACTH plasmatique qui est anormalement élevé en cas de maladie de Cushing. Ce dosage se réalise sur une simple prise de sang. Les tests endocriniens sont nécessaires pour confirmer le diagnostic, notamment des stades précoces et pour le suivi thérapeutique. La période la plus propice pour le dosage de l’ACTH est l’automne même si ce test simple peut être réalisé toute l’année.

L’intervalle de référence utilisé en pratique varie en fonction des laboratoires. Le traitement de l’échantillon sanguin est délicat, il est recommandé de le conserver au froid et de l’envoyer rapidement au laboratoire.

Comment traiter cette maladie ?

Le traitement repose sur l’administration d’un médicament, sous forme de comprimés, qui va freiner l’activité de l’hypophyse et donc diminuer la sécrétion de cortisol : ce médicament contient un agoniste dopaminergique de longue durée d’action. Il pallie le défaut de sécrétion en dopamine chez les équidés atteints du syndrome de Cushing et régule ainsi leur synthèse d’ACTH.

Le syndrome de Cushing ne se guérit pas mais se contrôle médicalement et se gère conjointement à l’aide de mesures hygiéniques (entretien des dents, contrôle du parasitisme, soins aux pieds, programme de vaccination…). Un dépistage précoce est nécessaire car les médicaments disponibles sont susceptibles d’apporter un réel confort de vie à l’animal atteint.

Pour en savoir plus, découvrez la Minute Santé sur le syndrome de Cushing

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Bibliographie

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  6. Tamzali Y. Pratique Vétérinaire Equine. Numéro Spécial 2013, pages 96-103.

 

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