27 mars 2016 - Pathologies / Santé

Le syndrome de Cushing chez le cheval

Dossier
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La maladie de Cushing débute très progressivement et il est difficile de la diagnostiquer dès son apparition. Son diagnostic a énormément évolué depuis une dizaine d’années. Heureusement, des traitements efficaces existent et permettent aujourd’hui de soigner nos équidés.

La maladie de Cushing est une pathologie « neurodégénérative » chez le cheval, le poney ou l’âne, qui pourrait ressembler à la maladie de Parkinson chez l’homme !

Elle est liée à un dérèglement hormonal et touche environ 30% des équidés de plus de 15 ans ! Il peut toutefois y avoir des exceptions pour des chevaux âgés de moins de 10 ans. Ce syndrome peut affecter tous les chevaux quelle que soit la race et il existe également chez l’homme et le chien !

Comment expliquer la maladie de Cushing ?

L’hypothalamus est une glande située dans le cerveau, qui sécrète de la dopamine, une hormone exerçant un effet régulateur sur l’hypophyse. Avec l’âge, les neurones qui sécrètent la dopamine peuvent dégénérer. La diminution de la sécrétion de dopamine et la perte de son rôle régulateur entraine une surproduction des hormones sécrétées par la l’hypophyse, dont l’ACTH. Seule une partie des hormones produites par l’hypophyse est concernée : la Pars Intermedia. Ainsi, actuellement on préfère parler de dysfonctionnement de la Pars Intermedia de l’Hypophyse plutôt que de syndrome de Cushing chez les équidés car les signes cliniques et les moyens diagnostiques sont différents de ceux rencontrés chez le chien.

Les hormones produites en quantité augmentée par l’hypophyse sont à l’origine de dysfonctionnements multiples de l’organisme et de signes cliniques variés.

Quels sont les signes cliniques ?

  • Hirsutisme: poils bouclés et épais, retard de mue, longs poils au niveau des ganaches (mâchoire inférieure du cheval), de l’encolure, du ventre ou des membres. C’est le signe le plus caractéristique de la maladie.
  • Fourbure
  • Troubles du comportement : signes de léthargie…..
  • Sudation excessive
  • Fonte musculaire: dos, membres postérieurs, abdomen distendu
  • Accumulation anormale de graisse: masse graisseuse au-dessus des yeux, de l’encolure et de la base de la queue ou des postérieurs
  • Dysfonctionnement du système immunitaire : infections chroniques (abcès cutanés, pulmonaires ou abdominaux, sinusite, dermatite, pneumonie, etc)
  • Problèmes neurologiques: les chevaux peuvent devenir aveugles,
  • ataxiques (difficultés pour réaliser un mouvement), narcoleptiques (tombent endormis).
Signes physiques du syndrome de cushing chez un cheval de 21 ans. Crédit photo Boehringer Ingelheim 

Quel est le diagnostic ?

Plusieurs tests de dépistage existent à ce jour :

  • Dosage de L’ACTH endogène : c’est une simple prise de sang effectuée de préférence le matin. Attention, ce test étant influencé par la saison, il est conseillé de le réaliser entre août et octobre. D’autres paramètres sont à prendre en compte lors du test : état de stress du cheval, moment de la journée, localisation géographique,…

Si les niveaux d’ACTH sont supérieurs aux normes saisonnières, le diagnostic est immédiat. Dans certains cas, les résultats du dosage de l’ACTH ne sont pas satisfaisants, ce qui implique des tests supplémentaires.

  • Test de suppression à la dexaméthasone

La dexaméthasone est une hormone glucocorticoïde de synthèse qui agit comme une hormone produite par le corps du cheval, le cortisol. Cette injection est réalisée en soirée. Une prise de sang doit être effectuée le lendemain matin pour mesurer le cortisol du cheval. Les deux valeurs du cortisol sont comparées avant et après l’injection. Le cheval atteint du syndrome de Cushing ne présente pas de baisse du cortisol.

Si malgré les deux premiers tests, une incertitude persiste, on injecte de la TRH, molécule qui agit au niveau de l’hypophyse, avant de doser l’ACTH 30 à 60 minutes après l’injection intraveineuse. Les chevaux atteints du syndrome de Cushing présentent une augmentation de leur taux circulant d’ACTH.

Ce test est relativement rapide mais son coût est plus élevé que les deux premiers et de plus, la TRH est peu disponible actuellement.

Il est également recommandé de doser l’insuline sanguine, qui permet d’évaluer le risque d’apparition de fourbure, signe clinique le plus sévère de la maladie et qui concerne environ 1/3 des chevaux atteints.

Syndrome de Cushing et syndrome métabolique ?

Les deux syndromes sont souvent confondus et pourtant ils représentent deux maladies bien différentes. Le syndrome métabolique est rencontré chez les équidés présentant un surpoids et une prédisposition génétique (généralement les poneys et les ânes, ou certaines races de chevaux ibériques). Le principal signe clinique est la fourbure (« fourbure de pré »). Le traitement de ce syndrome repose sur des mesures alimentaires (régime !), ce qui n’est pas le cas du syndrome de Cushing, pour lequel le mécanisme d’apparition de la fourbure n’est pas lié à un surpoids mais à un dérèglement hormonal lié à l’âge. Il est donc important de ne pas confondre la gestion de ces deux syndromes…mais attention, les deux maladies peuvent coexister chez un même individu !!

Quels traitements envisager ?

Le pergolide est le traitement recommandé pour soigner le syndrome de Cushing. C’est un agoniste de la dopamine, médicament destiné à traiter la maladie de Parkinson. Le traitement consiste à restaurer l’apport en dopamine de l’hypophyse afin de diminuer la production et la sécrétion des hormones thyroidiennes.

Ce sont de petits comprimés à administrer quotidiennement au cheval, et ce pendant toute la durée de vie du cheval.

La maladie est variable d’un équidé à un autre et les traitements doivent être adaptés en fonction des tests réalisés. Il est conseillé d’effectuer des dosages d’ACTH 4 semaines après le début du traitement afin d’ajuster la dose de la médication, puis tous les 6 mois.

Le pergolide peut présenter des effets secondaires :  baisse de l’appétit, diarrhées, état léthargique ou agressivité. Une réévaluation de la dose journalière règle très souvent les effets secondaires.

Selon différentes études, dans 75% des cas, le traitement permet de faire diminuer le taux d’ACTH de plus de 50%.

Les chevaux atteints de la maladie de Cushing doivent bénéficier d’une bonne hygiène de vie : vaccins à jour, suivi des protocoles de vermifugation avec coprologies, contrôles dentaires et parages réguliers des pieds.

Une fois que le dosage du traitement est bien estimé, le cheval retrouve progressivement une vie normale et équilibrée. Soyons donc attentifs a tous ces petits signes qui peuvent passer pour des symptômes normaux du vieillissement alors que c’est certainement la maladie qui s’installe insidieusement. Plus tôt elle sera diagnostiquée et plus tôt le cheval pourra être traité et enfin être soulagé des symptômes de la maladie.

L’équipe Cheval-partenaire avec la collaboration de la clinique équine de Conques

Crédits photos :
Clinique Équine de Conques
Boehringer Ingelheim