Décrite pour la première fois en Ecosse dans les années 1900, la maladie de l’herbe, appelée aussi Equine Grass Sickness (EGS) en anglais est une maladie redoutable et souvent fatale puisqu’elle affecte le système nerveux central et périphérique du cheval! Depuis, même si des cas d’EGS ont été rapportés dans différents pays de l’Europe de l’Ouest, c’est au Royaume-Uni que la prévalence reste la plus élevée.
En France, les cas sont très rares mais certainement sous-évalués compte tenu d’une méconnaissance de la maladie. Les premiers cas ont été décrits en 1998 puis entre 2003 et 2007 avec 19 cas suspects et 4 cas confirmés et enregistrés dans le cadre du sous-réseau syndrome neurologique du RESPE.
L’origine de cette maladie est encore incertaine mais on sait qu’elle affecte les chevaux de tout âge vivant en pâture. Différentes hypothèses sont actuellement proposées pour expliquer l’origine de la maladie, mais l’implication de la bactérie Clostridium perfringens est fortement suspectée. De nombreux facteurs de risques ont pu être mis en évidence.
Les signes cliniques sont variés et la maladie peut prendre 3 formes :
- La forme aiguë: le cheval est très abattu et ne mange plus, il présente des signes de coliques aiguës ainsi que des tremblements musculaires, tachycardie marquée, une sudation importante, une hypersalivation et un reflux gastrique important, la mort survient dans les 48 heures.
- La forme subaiguë: Forme intermédiaire entre la forme aiguë et la forme chronique dont la mort survient généralement dans les 7 jours environ.
- La forme chronique : Le cheval présente un mauvais état général, un amaigrissement sévère voire une cachexie, présence d’une tachycardie modérée, il est faible, mange peu, il peut présenter des troubles de la déglutition. De légers signes de coliques peuvent être observés.
Fi Cachexie et abdomen levretté chez un cheval atteint de le forme chronique de l’EGS (photo : G.PERTRIAUX)
Les facteurs de risques :
- L’accès au pâturage est un facteur de risque prépondérant (Gilmour and Jolly, 1974; Wylie and Proudman, 2009), même si de rares cas d’EGS ont été décrits chez des chevaux n’ayant pas accès à l’herbe . La coupe de l’herbe réduit significativement le risque de survenue de la maladie (Newton et al., 2004; Pirie, 2006). b.
- Modification de la ration : Tout changement alimentaire en quantité ou qualité est dangereux, parce qu’il provoque un bouleversement de la flore digestive et peut ainsi favoriser la multiplication d’une bactérie pathogène et donc la libération de toxines (Lyle and Pirie, 2009; McCarthy et al., 2004b; Pirie, 2006).
- Changement de pâture : L’importance de ce facteur est maximale dans les deux semaines suivant le changement de pâture et diminue au cours du temps qui suit le changement de pâture (Newton et al., 2010). Outre la qualité de la pâture peuvent être mis en cause un défaut d’immunité vis-à-vis de l’agent pathogène et/ou une modification de la flore gastro-intestinale.
- Contact avec un individu atteint : Une étude menée en 1998 au Royaume-Uni (Wood et al., 1998) a montré que la probabilité d’apparition de la maladie chez un individu ayant été en contact avec un cheval atteint d’EGS est dix fois moins importante que chez un cheval n’ayant jamais été en contact (Newton et al., 2010). Cette observation suggère la mise en place d’une réponse immunologique systémique (Hunter and Poxton, 2001).
Traitement :
Le pronostic est sombre, sauf dans certaines formes chroniques. Le traitement est alors long et les résultats très variables. Il repose essentiellement sur des soins de soutien. Le manque de certitudes sur l’étiologie de la maladie de l’herbe est un véritable obstacle au développement d’un traitement spécifique et de moyens de prévention (vaccins). Les différentes études menées sur l’EGS ont permis de progresser dans la connaissance de cette affection ; cependant, leurs résultats restent peu précis et souvent controversés, et rendent délicate leur interprétation et leur application sur le terrain.
Prévention :
Il faut éviter ou minimiser les pâtures trop rases, le retrait mécanique des crottins, les travaux de drainage et d’assolement sur les pâtures, favoriser la coupe régulière de l’herbe, le pâturage avec des ruminants si cela est possible et le retrait manuel des crottins.
Concernant la gestion du cheval, il faut une éviter de faire pâturer les chevaux dans les pâtures ayant déjà hébergés un cas d’EGS, changer les chevaux de pâtures, éviter les changements alimentaires en quantité et en type et favoriser la mise à disposition de foin au pré.
La maladie de l’herbe reste encore un mystère, espérons que la science arrive un jour à percer le secret de cette terrible maladie, en attendant appliquons les mesures préventives ci-dessus pour protéger nos chevaux.
L’équipe Cheval-partenaire
Sources : Thése vétérinaire du Dr Géraldine Pertriaux « Etude de la maladie de l’herbe (Grass Sickness) chez le cheval ; www.respe.net; equin.vetarenes.com