Depuis décembre 2018, plus de 20 foyers de grippe ont été confirmés en France. Le virus circule aussi fortement dans les pays d’Europe du Nord. La grippe a un impact économique majeur pour la filière équine. Avec l’arrivée des beaux jours et l’intensification des compétitions, il est important que chaque détenteur soit vigilant vis-à-vis de la santé des équidés dont il a la garde afin de réagir au plus vite en cas de fièvre et/ou de signes respiratoires.
La grippe équine est une maladie respiratoire due à un virus influenza. Après une période d’incubation de 2 à 5 jours, les équidés présentent une fièvre importante associée à des signes respiratoires : toux sèche et écoulement nasal séreux (translucide). La grippe équine n’est pas une zoonose : il n’y a pas de transmission de la maladie entre le cheval et l’homme.
La grippe équine est une maladie extrêmement contagieuse : elle peut atteindre en quelques heures l’ensemble des équidés d’une écurie. La transmission est principalement directe : les chevaux se contaminent en inhalant les aérosols chargés de particules virales expulsés par les équidés malades en toussant. Ces aérosols peuvent se déplacer sur plusieurs centaines de mètres. Même en l’absence de toux, les chevaux malades peuvent transmettre la maladie à leurs congénères lors de contacts rapprochés. La maladie se transmet également par voie indirecte, via le matériel ou les personnes en contact avec les équidés.
Du fait de son caractère très contagieux, une épidémie de grippe peut rapidement avoir des conséquences économiques majeures sur la filière équine. Des mesures sanitaires strictes doivent donc être prises afin de :
- Limiter la propagation du virus au sein de l’écurie : isolement immédiat des chevaux malades et mise en place d’un circuit de soins – commencer par s’occuper des chevaux sains et terminer par les chevaux malades avec utilisation de matériel différent pour les chevaux malades et les chevaux sains, lavage régulier des mains, des chaussures, vêtements, ou utilisation de matériel à usage unique (gants, sur-chaussures, cotes…) ;
- Eviter son extension vers d’autres écuries en arrêtant les déplacements des équidés (entrées et sorties).
De plus, même si la mortalité est rare chez les équidés adultes, une mise au repos d’au moins 3 semaines est nécessaire après la fin des signes cliniques afin que leur appareil respiratoire ait le temps de cicatriser correctement. Sans cette période de repos, le risque d’infection par des bactéries ainsi que de séquelles en regard de l’appareil respiratoire est important. D’autre part, des cas de mortalité chez des poulains ont déjà été enregistrés.
En France, la grippe équine est surveillée par le RESPE (Réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine). Avec l’accord du détenteur de l’équidé, le vétérinaire sentinelle peut déclarer au RESPE un cheval atteint de symptômes respiratoires. Dans ce cas, il réalise un prélèvement afin de rechercher les maladies respiratoires les plus fréquentes. En cas de confirmation du diagnostic de grippe par le laboratoire d’analyse, une alerte est diffusée par mail et via les réseaux sociaux et le site du RESPE. Si la situation épidémiologique est anormale (nombre important de foyers, situation particulière), le RESPE peut décider de diffuser des informations et recommandations spécifiques, voire de convoquer une cellule de crise. Celle-ci regroupe des représentants des différentes familles de la filière équine, des vétérinaires, ainsi que des experts scientifiques de cette maladie. L’objectif de cette cellule de crise est d’analyser la situation, de décider des mesures sanitaires les plus adaptées pour éviter la propagation de la maladie et de coordonner leur mise en œuvre sur le terrain.
En France, la population équine est bien protégée vis-à-vis de la grippe équine puisque 90% des équidés sont vaccinés. Cette vaccination est notamment obligatoire lors de participation à des manifestations équestres. Même si la vaccination n’apporte pas une protection absolue à l’échelle de l’individu, elle permet d’atténuer les signes cliniques et de protéger la population équine grâce à une diminution de l’excrétion du virus, et donc le risque de contagion. Elle a donc un intérêt à la fois individuel et collectif. Pour une protection optimale des équidés, le protocole vaccinal décrit dans les notices des vaccins doit être scrupuleusement suivi : contrairement à d’autres vaccins, la primo-vaccination nécessite 3 injections (les deux premières séparées de 3 à 6 semaines, puis une troisième 5 à 6 mois plus tard). En cas de rupture vaccinale (date du rappel dépassé), une nouvelle primo-vaccination est obligatoire. Pour les chevaux qui participent fréquemment à des manifestations regroupant un nombre important de chevaux, des rappels tous les 6 mois sont vivement conseillés. D’autre part, cette vaccinationdoit être associée à des bonnes pratiques sanitaires : mise en quarantaine des nouveaux équidés arrivant dans une écurie, suivi de la température des équidés avant leurs déplacements, annulation des participations en cas de doute sur la santé des équidés (hyperthermie par exemple), de chevaux malades…
Par Marie Delerue (Ifce) en collaboration avec le RESPE
Crédits photos : © F. Grosbois – © A. Laurioux.