En France, 12% des équidés sont âgés de plus de 20 ans. Il est difficile de fixer un âge précis pour l’entrée dans la vieillesse : comme chez l’homme, celle-ci est plus ou moins précoce en fonction de l’utilisation passée du cheval, de ses conditions de vie et d’hébergement, ainsi que de son patrimoine génétique.
Afin d’assurer le bien-être de ces vieux chevaux, une surveillance et des soins accrus, ainsi qu’un suivi vétérinaire régulier, sont nécessaires.
Voici 6 conseils pratiques pour s’occuper de votre vieux cheval.
1) Une surveillance rapprochée pour intervenir rapidement en cas de problème
Le vieillissement s’accompagne de modifications physiologiques et d’un risque accru de maladies. Il est donc crucial de surveiller attentivement votre équidé au quotidien afin de déceler rapidement toute modification de son comportement et appeler le vétérinaire si besoin.
Il est notamment recommandé de bien observer son cheval quand il mange et de suivre son état corporel régulièrement en estimant sa note d’état corporel.
© Pauline Ritter
2) Une bonne dentition pour une bonne mastication
Un suivi dentaire régulier est primordial pour surveiller l’apparition d’éventuels problèmes dentaires (arêtes coupantes, déviations angulaires, déchaussements…), très fréquents chez le vieux cheval, ainsi que l’usure de la table dentaire.
Ces problèmes dentaires peuvent en effet être douloureux et/ou empêcher une mastication correcte. Ils sont la première cause d’amaigrissement chez le cheval âgé.
En fonction des problèmes rencontrés et de l’avis de votre dentiste équin ou vétérinaire, il est conseillé de faire effectuer un examen dentaire 1 à 2 fois par an et au moindre doute (le cheval mange plus lentement, il a maigri, il recrache des boulettes de foin…).
3) Un parage régulier pour soulager l’appareil musculo-squelettique
Quel que soit leur âge, l’ostéo-arthrose est très fréquente chez les chevaux, mais les douleurs associées à cette inflammation chronique des articulations s’accentuent avec l’âge.
Il est donc primordial de faire parer régulièrement son cheval par un maréchal-ferrant, car une pousse trop importante ou inégale de la corne peut augmenter les douleurs articulaires.
4) Un hébergement au pré bénéfique
Un cheval âgé est idéalement hébergé au pré, dans un groupe d’équidés stable. Du fait d’une régulation thermique souvent moins bonne, un abri naturel ou artificiel est important pour lui permettre de se protéger des aléas climatiques (fortes chaleurs en été, pluie, vent, températures basses en hiver…).
La vie au pré favorise également le maintien d’un exercice physique léger, qui limite la fonte musculaire et réduit les douleurs articulaires. La vie en plein air est également bénéfique pour son appareil respiratoire, notamment s’il est atteint d’asthme sévère, maladie dont la survenue et les manifestations cliniques augmentent avec l’âge.
En hiver, il est cependant souhaitable de donner accès à des surfaces stabilisées, notamment si les prés sont peu portants. Des prés boueux peuvent en effet rendre difficile d’accès les zones d’alimentation et d’abreuvement.
5) Alimentation : privilégiez l’herbe et le foin chez des chevaux en bon état corporel
Les recommandations concernant l’alimentation sont assez similaires à celles de chevaux d’âge moyen à l’entretien : l’herbe et les fourrages séchés sont à privilégier.
Pour les individus qui ont du mal à rester en bon état corporel, des concentrés appétents et surtout adaptés au cheval âgé peuvent être distribués en supplément.
Le syndrome de Cushing représente une dominante en gériatrie équine : environ 20% des chevaux de plus de 15 ans et 40% des chevaux de plus de 30 ans en seraient atteints. Ces chevaux sont plus sujets à la fourbure. L’apport d’aliments riches en amidon est donc à proscrire. La luzerne, la pulpe de betterave ou encore l’huile seront des sources d’énergie substitutives intéressantes.
6) Les maladies infectieuses : la prévention pour « maître mot »
Le vieillissement affaiblit le système immunitaire. Il est important de continuer à vacciner régulièrement les vieux chevaux, au minimum vis-à-vis du tétanos et dans l’idéal vis-à-vis de la grippe et de la rhinopneumonie, deux maladies respiratoires très contagieuses. Dans l’idéal, ces chevaux ne doivent pas être en contact direct avec des chevaux à risque (chevaux sortant en compétition, nouveaux chevaux…). Ceci est d’autant plus vrai chez les chevaux atteints du syndrome de Cushing, maladie responsable d’une baisse d’immunité supplémentaire.
En ce qui concerne les parasites digestifs, les vieux chevaux seront vermifugés à la même fréquence que les plus jeunes, c’est-à-dire 1 à 3 fois par an en fonction de l’excrétion plus ou moins importante d’œufs de strongles dans les crottins, évaluée par coproscopie.
Pour conclure… Garder son vieux cheval à la retraite, c’est très bien, mais cela demande une attention particulière, car les vieux chevaux sont plus fragiles.
Une surveillance accrue et des soins adaptés sont indispensables à leur bien-être. Pour en savoir plus, écoutez notre podcast « Cheval âgé, comment s’en occuper : maladies, soins, prévention ».
Par Marie DELERUE (docteure vétérinaire – experte sanitaire spécialité équine et ingénieure de recherche & développement IFCE)
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