23 novembre 2021 - Santé

LA DOUVE DU FOIE

Dossier
La douve du foie chez le cheval
Les prés humides sont plus propices à l’infestation des équidés par la grande douve du foie. Les douves sont de petits vers plats. Les adultes mesurent de 1,5 à 3 cm de long et 1 cm de large. Ils vivent dans les canaux biliaires. photos © Sabbagh M. (IFCE), © S. Prache (INRAE)

Fasciola hepatica, plus communément appelée grande douve du foie, est un parasite qui infeste principalement les ruminants domestiques, à l’origine de pertes économiques importantes, mais aussi certains herbivores sauvages comme les ragondins et les cervidés. Chez les équidés, l’infestation est plus rare et son impact sur leur santé est encore peu connu.

1. Comment les chevaux s’infestent-ils ? 

Les parasites adultes, présents dans l’organisme des animaux sensibles (les équidés mais surtout les bovins, les ovins et certains herbivores sauvages), excrètent des œufs qui sont émis dans les fèces des animaux infestés. Ces œufs se développent dans la pâture en larves qui pénètrent ensuite dans des escargots, appelés limnées, dans lesquelles elles se multiplient. Elles ressortent ensuite et se fixent sur la végétation des pâtures. Les équidés peuvent s’infester en broutant l’herbe contaminée. 

2. Où vivent les grandes douves dans l’organisme d’un équidé infesté ? 

Suite à l’ingestion par les équidés, les parasites traversent la paroi de l’intestin et migrent vers le foie. Les parasites adultes vivent dans les canaux biliaires qui transportent la bile vers l’intestin grêle. 

3. Cette infestation par la grande douve est-elle fréquente chez les équidés ? 

L’infestation par la grande douve semble être rare chez le cheval, mais aucune étude n’a été menée en France. En Irlande, une étude a montré que 19 chevaux sur les 200 suivis étaient infestés. 

Même si la grande douve est présente dans toute l’Europe, la fréquence d’infestation est très variable en fonction des régions géographiques (du fait de conditions météos différentes) et des conditions de pâturage. Les limnées, nécessaires au développement de la douve, vivent en effet dans des milieux humides ou semi-aquatiques (rigoles de drainage, bords de petits cours d’eau et mares, zones humides temporaires…). De plus, les ruminants et certains herbivores sauvages sont plus sensibles aux parasites et participent, beaucoup plus que les équidés, au recyclage des grandes douves. 

Les équidés vivant dans des prés humides ou contenant des points d’eau et ceux hébergés avec des bovins ou des ovins ou à proximité de la faune sauvage auraient plus de risque d’être infestés par la grande douve. De même, les régions aux hivers doux et étés pluvieux sont plus à risque. Le changement climatique pourrait favoriser dans les années à venir l’infestation par la grande douve.  

4. L’infestation par la grande douve est-elle grave pour la santé des équidés ? 

Les signes cliniques sont généralement peu prononcés et peu spécifiques : on pourrait observer une baisse d’appétit, un amaigrissement ou encore des troubles digestifs. Votre vétérinaire pourra donc y penser lorsque votre cheval est soumis à un environnement à risque et présente un amaigrissement d’origine inconnue.

5. Comment savoir si mon cheval est infesté par la grande douve ? 

Actuellement, le diagnostic définitif repose sur la réalisation d’une coproscopie, consistant à rechercher au microscope la présence d’œufs de grande douve dans les crottins. Cependant, du fait de l’excrétion intermittente des œufs, cette méthode est peu fiable : seuls 60 à 70% des chevaux infestés présenteraient une coproscopie positive.

6. Comment prévenir l’infestation ? 

Il est conseillé de restreindre l’accès des équidés aux cours d’eau et mares et d’éviter les prés humides, d’autant plus si ceux-ci sont également pâturés par des ruminants. 

7. Comment traiter mon cheval ? 

En cas de diagnostic ou de forte suspicion de la part de votre vétérinaire, celui-ci pourra prescrire et administrer un vermifuge spécifique habituellement destiné aux ruminants.

Le pâturage mixte entre bovins et équidés présente plusieurs bénéfices © Genoux N. (IFCE)

Le pâturage mixte entre bovins et équidés présenterait, dans le même temps, plusieurs bénéfices : 

  • Diminution de l’infestation par les petits Strongles, principaux parasites des équidés.
  • Diminution des zones de refus et augmentation de la valeur alimentaire des prairies pâturées.
  • Augmentation des performances de croissance.

M. DELERUE (docteur vétérinaire – ingénieur de développement IFCE)

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