photo : Holly Williams-Vano Stables (30) – crédit Greg Niro
En 30 ans, le nombre de pratiquants licenciés a été multiplié par cinq créant une massification de la pratique équestre. Mais si l’équitation évolue sans cesse et vite, il en va de même pour la société. Le cheval se trouve donc au coeur de tensions qui reflètent la diversité, l’évolution des usages et des mœurs sociétaux. Face à une clientèle toujours plus exigeante, prescriptrice et censeure, il s’agira outre d’adapter la pédagogie d’enseignement (nouvelles technologies, outils embarqués, etc.) de rénover nos lieux de travail structurellement et commercialement (qualité, confort, services, etc.), d’adapter notre marketing traditionnel et digital (flyers, réseaux sociaux, e-réputation, web marchand, conciergerie, etc.), mais surtout d’être attentif à la relation aux équidés (hébergement, suivi, planning travail/repos, etc.). Cet enjeu est crucial tant au niveau du bien-être animal et humain, mais aussi parce que la sensibilité « animaliste » est portée par de plus en plus de citoyens, dont les plus jeunes, technologiquement équipés et « web-actifs ». Cette tendance structurelle sera sujette à amplification car inscrite dans une société de l’éphémère, de l’image et du buzz.
Le Horsemanship – mode d’éducation et d’entraînement : l’organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) se fonde sur la définition du Farm Animal Welfare Comitee (FAWC) et définit le bien-être animal comme sa «bonne santé physique et mentale ». Il s’appuie sur cinq libertés fondamentales et établies (peu ou prou les trois premiers étages de la pyramide des besoins de Maslow) déclinées en douze critères dont les quatre derniers sont :
• L’expression du comportement social (avoir la possibilité d’exprimer les comportements normaux de son espèce).
• Des autres comportements.
• Une bonne relation homme-animal (absence de peur, d’anxiété, ce qui ne signifie pas absence de « pression »).
• Un état émotionnel positif.
A cette évolution dans la relation Homme-Cheval, le Horsemanship permet de glisser d’une relation dominatrice et d’instrumentalisation de l’individu à une relation plus harmonieuse. Il pourrait être défini en Français, comme « la compétence d’utiliser les instincts naturels du cheval, pour l’éduquer et l’entrainer». Avec d’autant plus d’efficacité et de respect (réciproque d’ailleurs) qu’un bon Horseman dispose des qualités suivantes :
• Humilité : il accepte l’apprentissage et le recyclage permanents, gages d’expérience et de savoir-faire, (adaptation aux individus).
• La réceptivité, la pertinence, le bon sens et la simplicité
• L’équilibre : mental et physique,
• La patience : la complicité se forge dans l’infini du temps,
Le Horsemanship en temps qu’épreuve équestre : reconnue par la Fédération Française d’Equitation en tant qu’épreuve d’apprentissage du cavalier western, le horsemanship devrait plutôt devenir une épreuve western d’apprentissage du cavalier avec un grand C. Elle aborde entre autres les socles de connaissances sur la locomotion, la morphologie et la psychologie, notions capitales pour toute personne souhaitant faire de l’équitation complice, incluant la compétition quel que soit son niveau.
Elle est définie sur le site de l’AFQH (association Française du Quarter Horse) comme : « L’épreuve de Horsemanship évalue l’habileté du cavalier, en harmonie avec son cheval, à exécuter avec précision et calme un parcours prescrit par le juge tout en démontrant aplomb et assurance et en conservant une position équilibrée, fonctionnelle et fondamentalement correcte. L’attitude et les aides du cavalier, l’harmonie du couple sont des facteurs importants. Les deux enjeux majeurs sont la sécurité et le respect du cheval ». afqh.fr
Cette discipline, accessible à tous, et de tout âge, y compris seniors pour qui souvent l’équitation semble ne plus être qu’un doux rêve ou souvenir, ne nécessite pas de chevaux américains pour être pratiquée et pourrait être promue aisément dans de nombreux clubs équestres.
Malheureusement, il existe toujours des dérives : le bien-être animal est une notion fondamentale et actuelle. Restons vigilants toutefois aux dérives « animalistes », intégristes, réfléchies dans un monde intellectuel et centrée uniquement sur l’animal. L’Homme doit toujours être présent, afficher sa place et rester leader ne serait-ce que pour sa sécurité. Parallèlement, la notion de « souffrance » propre aux trois premières des cinq libertés préconisées par l’OIE, totalement justifiées, se trouve être un terme trop souvent galvaudé qui doit être correctement recadré, afin de ne pas être confondu avec la notion… d’effort.