4 décembre 2017 - Pathologies / Santé

Comment mon cheval a survécu à la Myopathie Atypique

Publi-rédaction
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Qu’est ce que la Myopathie Atypique ?

La myopathie Atypique est une intoxication due aux samares des érables sycomores, ces graines volantes que nous appelons communément « hélicoptères ». La toxine présente dans ces dernières attaque les muscles posturaux, respiratoires et cardiaques du cheval et entraîne la mort, dans la majorité des cas. Une fois les symptômes diagnostiqués, la maladie est fulgurante et l’animal décède généralement dans les 48 h.

Cali, mon jeune cheval de quatre ans à l’époque, fait partie des 25 % de chevaux qui survivent à cette intoxication. Jusqu’alors, les vétérinaires avaient un taux d’échec de 75 % lors de la prise en charge de la maladie (1).

(1) Dépliant « myopathie atypique : comprendre pour mieux prévenir », IFCE 2017. 1 

Partie I 

Une descente aux enfers 

La découverte 

Nous sommes le 17 décembre. Cali a intégré depuis dix jours une pâture qu’il partage avec six autres chevaux. L’accès au foin est régi par le dominant du troupeau, mais mon cheval ne maigrissant pas, je ne m’en inquiète pas. Je ne suis pas venue la veille, Cali n’a donc pas eu sa ration complémentaire, que je donne à chaque visite.

Ce matin, quelque chose ne va pas. Cali est apathique et hennit faiblement à mon approche. En l’examinant, je constate qu’il transpire abondamment, il respire fort, et porte sa tête vers le sol : ce sont des signes de grandes douleurs. Je lui passe le licol, il m’accompagne deux pas puis se raidit et se fige. Ses muqueuses sont d’un rouge très vif, particulièrement celles des yeux. C’est une urgence vitale, j’en suis sûre.

Nous sommes samedi. Je contacte un jeune vétérinaire de garde et lui explique les symptômes : Cali a 36.2° C en température rectale, les muqueuses sont très colorées et il est incapable de se déplacer ; je note qu’il y a des petits « hélicoptères » sur le sol. En attendant l’arrivée du vétérinaire, je nourris Cali avec sa ration de floconnés ; il la mange difficilement. Il semble très déshydraté, sa peau ne revient pas en place quand je la pince. Ses flancs gargouillent et il fait finalement un crottin.

Durant l’attente, je m’inquiète des « hélicoptères » sur le sol, qui me rappellent vaguement les cas liés à la myopathie atypique, une maladie peu médiatisée et sans doute très rare, pensais-je. Le vétérinaire arrive quarante-cinq minutes plus tard et pose rapidement sa suspicion de diagnostic : la myopathie atypique équine. Cali a désormais son pronostic vital engagé.

Le rapatriement 

Cali est immédiatement perfusé dans le pré. Il reçoit deux perfusions de 5 L chacune – à lesquelles sont ajoutées 20 mL de Biodyl™2 –, ainsi que des seringues de charbon et d’argile, glissées entre ses lèvres. En intraveineuse, le vétérinaire lui administre 10 mL de Méfiosyl™3, un anti-inflammatoire.

Le Biodyl™ est une solution injectable utilisée dans la prévention et le traitement des états de carence en sélénium, tels que la myopathie et la dystrophie musculaire. Source : Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

Le Méfiosyl™ est prescrit en traitement de l’inflammation et soulagement de la douleur lors d’affections musculaires et squelettiques, notamment dans le cas d’une colique. Source : Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

L’urine de Cali est d’une couleur « brou de noix » ; le vétérinaire me confirme alors la MAE, la Myopathie Atypique Équine, fait un prélèvement de sang et file à la clinique.

Le cheval n’est pas transportable. Mon compagnon m’a rejoint et nous commençons la veille de Cali. Nous avons comme consignes d’enchaîner les perfusions. Nous sommes à deux cent mètres du boxe le plus proche et la nuit ne va pas tarder à tomber.

C’est le début d’un long périple. Nous nous arrêtons tous les trois pas, récompensant le cheval d’une poignée de foin. Marcher le rebute et nous l’aidons en le tirant et en le poussant Enfin, après deux heures d’effort, Cali est au boxe, épuisé. Nous le veillerons toute la nuit.

Premier jour au boxe : Cali s’alimente mais sa tête est lourde et pesante. 

La mort et la vie 

Au deuxième jour, Cali se fait de plus en plus absent. Sa tête est basse et ses lèvres, ses naseaux et ses salières enflent à vue d’oeil. Il est bouffi, gorgé d’eau des douze perfusions que nous lui injectons en continu depuis la veille. Pour diminuer le phénomène de rétention d’eau, nous lui attachons la tête en hauteur.

Cali est au plus mal.

Cali ne réagit plus à aucuns stimuli, tout son corps s’est alourdi et affaissé ; sa queue est molle, plaquée sur la croupe. Ne pouvant plus rien pour lui, je m’accorde une brève pause et laisse la surveillance à mon conjoint. À mon retour, celui-ci m’informe que Cali a des spasmes musculaires : les oreilles viennent se plaquer contre la nuque, puis l’encolure s’encapuchonne ; ses yeux se crispent à chaque contraction.

J’appelle en urgence le vétérinaire, terrorisée à l’idée que cette crise de tétanie le fasse étouffer. À son arrivée, le vétérinaire hésite : il envisage l’euthanasie mais garde un mince espoir, étant donné que Cali est toujours debout, a arrêté les spasmes, et semble vouloir se battre, malgré tout. En repartant, le vétérinaire me laisse seringue de 50 mL de Dexadreson (4), avec comme consigne de l’utiliser si mon cheval est en trop grandes souffrances.

(4) Dexadreson™ : Solution de Dexaméthasone injectable, utilisée comme puissant glucocorticoïde de synthèse. Source : MSD Santé Animale. 

Nous continuons notre veille. Mon coeur bondit à chaque signe de faiblesses des antérieurs. J’arrive à faire avaler à Cali quelques bouts de carottes, que je lui glisse entre les lèvres.

Partie II 

La lente ascension 6 

Ascenseur émotionnel 

Ce matin, Cali mange des bouts écrasés de pomme et de carotte, je suis folle de joie ! Je lui porte également à ses lèvres du foin humide et des floconnés, par petites poignées. Il accepte de boire ; il semble reprendre, petit à petit, possession de son corps. Et puis, soudainement, la machine s’arrête, Cali retombe dans une totale apathie.

Le cheval alterne entre phase d’éveil et phase d’abattement ; il ne peut toujours pas lever sa tête.

Le vétérinaire arrive vers 9 h. Je lui décris l’état d’éveil passager qu’a eu Cali. Hélas, le vétérinaire constate désormais un cheval inerte et pendu à ses longes, comme la veille. Il examine le rythme cardiaque, qui est toujours élevé, et le rythme respiratoire, qui est toujours forcé. Le vétérinaire semble désolé de ne pas observer une amélioration. Il repart, me demandant de le tenir informé.

Au cours de la journée, Cali s’animera un peu, de temps en temps, pour grignoter. Il lui est visiblement douloureux d’uriner et de déféquer, ses oreilles se couchent, ses yeux se plissent et il est pris de violents spasmes quand il se soulage. Il transpire toujours, malgré le froid. Les oedèmes, dus aux perfusions incessantes, gagnent toute sa ligne du dessous.

On note la présence de transpiration, malgré la tonte partielle et les températures hivernales. 

Le fourreau est également gonflé par les perfusions. 

Nous entamons notre troisième nuit de veille. Désormais, nous nous partageons la nuit en deux, mon conjoint et moi-même, car nous avons constaté que les demi-nuits de repos nous sont plus bénéfiques que de se relayer toutes les heures.

Peeve, le voisin de boxe, est également atteint de la MAE. Tous les chevaux de la pâture de Cali ont eu une prise de sang pour vérifier les enzymes musculaires, et seuls Peeve et Cali ont été touchés. Untel sera rétabli en trois jours, grâce aux perfusions.

C’est vers deux heures du matin que Cali sort de nouveau de son état végétatif. Il mange et boit comme un affamé ! Si seulement le véto voyait ca…

Vers deux heures du matin, le cheval est éveillé et fait son chantier. Il boit, mange, ses yeux sont ouverts ; il ne parvient toujours pas à lever la tête mais gagne en vigueur. 

Sur la voie de la guérison 

Les phases d’éveil et d’abattement s’étalent sur trois jours. Les épisodes d’activités de Cali se multiplient et se prolongent, au fur et à mesure ; le cheval est plus attentif à son environnement.

Le cheval ne porte toujours pas sa tête mais pèse moins sur les longes. 

Les urines mettent huit jours à retrouver une couleur et une odeur normales.

Échantillons d’urine prélevés le premier jour. 

Les reins, qui ne sont pas prévus pour filtrer la myoglobine, risquent de graves dommages à ce stade. 

Évolution de l’urine après cinq jours. Une nette amélioration se dessine enfin. 

Évolution de l’urine après six jours. L’urine n’a toujours pas d’odeur. 

La délivrance, après neuf jours de stress. 

Il a fallu dix jours et neuf nuits de veille non-stop pour que Cali retrouve des urines claires, pour qu’il puisse sortir de ses phases d’abattement et pour arrêter les perfusions. 11

Cali a perdu beaucoup de poids et est à l’attache depuis le 17 décembre. La présence des enzymes musculaires baisse très lentement dans la prise de sang ; néanmoins, le cheval a déjà retrouvé des rythmes respiratoire et cardiaque normaux.

Le 30 décembre, soit treize jours après la découverte de la maladie, je suis autorisée à le lâcher un peu dans son boxe ; il se déplace mal, il semble encore très faible et son arrière-main lui répond à peine. Je l’empêche de se coucher, par crainte qu’il ne puisse se relever, et le mobilise par des mouvements passifs pour solliciter sa proprioception. Lors d’une immobilisation forcée, le cheval perd peu à peu la sensibilité motrice de son corps et il est recommandé de lui faire faire des mouvements doux d’étirements des antérieurs et des postérieurs, afin de conserver le plus possible les muscles et l’élasticité originels.

Le 15 décembre 2016, 48 h avant l’intoxication. 

25 décembre 2016. Joyeux Noël Cali… 

2 février 2017. Ses muscles ont littéralement fondu. 

Il ne supporte malheureusement pas les efforts violents nécessaires à cet acte et souffre désormais de lésions à un tendon et au muscle du biceps. Il doit rester à l’attache un mois de plus et recevra une infiltration, en prime.

Durée de la réhabilitation estimée : 1 an. 

Cali avait un joli style à l’obstacle et du potentiel pour les épreuves de vitesse 120/125. Les vétérinaires ne se prononcent pas quant à son avenir sportif.

Cali à l’obstacle 

Évolution de l’attitude de Cali, au fil des jours. 

Cali est aujourd’hui tiré d’affaire, après plusieurs mois de rééducation il reprend doucement le travail sur le plat au trois allures.

Concernant le remboursement par l’assurance , celle-ci nous a remboursé l’intégralité des

soins vétérinaires et une partie de la perte de valeur du cheval après l’étude d’experts.

Un échange constructif

Voici quelques extraits d’échanges que j’ai eus avec une vétérinaire chercheuse spécialiste de la myopathie atypique et membre actif de GAMA (Groupe d’Alerte de la Myopathie Atypique), réseau d’épidémiosurveillance de la MAE.

En gras mes questions

En italique : ses réponses

Aujourd’hui, j’essaie de le rééduquer petit à petit en le massant doucement et en lui faisant des mouvements passifs. Nous avons retiré la perfusion hier matin et je le lâche un peu dans son boxe mais je ne pense pas qu’il aurait assez de force pour se relever s’il venait à se coucher  (car il semble le vouloir parfois mais je l’en empêche).

Il ne se sert toujours pas très bien de ses postérieurs à mon avis.

Il doit être extrêmement fatigué ; si il est sorti de la maladie, il devrait pouvoir se relever de lui-même.

Samedi dernier les toxines dans son sang n’étaient toujours pas quantifiables.

Vous voulez dire que les enzymes musculaires étaient toujours élevés ? Seuls quelques rares laboratoires de recherche mesurent le taux de toxine. Il faut attendre que les enzymes musculaires reviennent à la normale pour commencer à remettre très progressivement le cheval au travail.

Auriez vous des conseils concernant sa rééducation ? Les vétérinaires ne semblent pas toujours connaître cette partie, au vue du nombre de décès…

Il est exacte qu’on manque d’information, le taux de survie étant très faible. Dès lors, il n’existe pas de protocole standard testé scientifiquement pour la remise au travail des survivants de la myopathie atypique. Néanmoins, suite à une enquête réalisée auprès de vingt-trois propriétaires de survivants, voici quelques informations.

La procédure de remise des chevaux de cette enquête était du même type: marche en main une à deux fois par jour, en commençant par cinq minutes par jour, puis en augmentant progressivement la durée et ce, pendant quatre à six semaines.

Ensuite, le cheval était longé ou remonté en augmentant progressivement le temps de trot etde galop. En général, les propriétaires nous rapportent que deux à six mois ont été nécessaire pour pouvoir retravailler normalement le cheval. Évidemment, ce protocole doit être adapté en fonction du cheval.

Deux propriétaires nous ont rapporté de la fatigue et de l’essoufflement rapide de leur cheval pendant les premières semaines du protocole et donc, la remise au travail a dû être encore plus progressive. Il est donc nécessaire de faire en fonction des capacités propres à chaque individu.

Il serait idéal que votre vétérinaire suive votre cheval en réalisant des examens locomoteurs, le dosage des enzymes musculaires et même un suivi cardiaque ( électrocardiographie et échocardiographie) dans les quatre à six semaines après l’épisode de myopathie atypique afin de vous guider quant à la remise au travail.

Un amaigrissement des chevaux par rapport à la période antérieure à la maladie est fréquemment rapporté. Ainsi, neuf chevaux (9/23) sont sortis fortement amaigris de leur épisode de myopathie atypique. Pour quatre d’entre eux (4/9), cet amaigrissement fut transitoire et ne dura que quelques semaines, voire quelques mois après leur épisode de myopathie atypique. Mais pour les cinq autres chevaux (5/9 forts amaigris), leur score corporel était toujours plus faible (au moment de l’enquête) mais ces chevaux étaient plutôt gras à trop gras avant la maladie.

La majorité des propriétaires trouve en général leur cheval (19/23) semblable à ce qu’il était avant la maladie comme si celui-ci n’avait jamais été touché par la myopathie atypique et donc, sans séquelle clinique apparente. Quatre propriétaires trouvent leur cheval moins bien qu’auparavant (4/23), deux chevaux étant plus calmes et moins énergiques, un poulain a gardé un retard de croissance par rapport à un autre poulain de son âge et un cheval de sport qui garde de la faiblesse au niveau des masses musculaires de l’encolure.

Parmi les 23 chevaux, dix-sept travaillent à nouveau, les autres ne sont pas travaillés car ils ne sont pas encore débourrés, servent à la reproduction ou encore sont à la retraite.

Parmi nos survivants, un cheval poursuit une carrière internationale de saut d’obstacle.

Ces petits plus qui ont fait la différence

Les problèmes collatéraux de la MAE ont été dans le cas de mon cheval les ulcères dus aux anti-inflammatoires répétés. Le cheval grinçait des dents, hyper-salivait et baillait également. Nous avons donc arrêté les aliments concentrés et optés pour des fibres de luzernes, du mash, des carottes et du foin à volonté.

Il a été mis sous pansement gastrique durant ses crises aiguës et gel d’aloé vera (30ml/jour). Le vétérinaire m’a également conseillé de le complémenter en argile, pansement gastrique naturel plus perméable que ceux vendus en pharmacie qui ne laissent pas passer les éléments nutritifs pour le cheval.

Complément anti-ulcère :

● 30g d’argile verte en poudre (environ 2 cuillères à soupe)

● 30ml de gel d’aloé vera à boire

Je n’ai jamais su lui faire avaler l’argile directement dans sa nourriture. L’argile se transforme en une espèce de pâte agglomérant les aliments, en revanche, l’aloé vera est toujours très bien passé. Vous pouvez toujours rajouter une cuillère à soupe de miel si votre cheval est difficile…

Je rajoute également de l’huile dans sa ration mais il faut veiller à ne pas surmener son foie déjà très sollicités. Ne pas excéder 5ml/ration au début.

Mon cheval souffre également de lésions tendineuse et musculaire du bras dues aux efforts faits pour se coucher et se relever en sortant de la maladie. Il a reçu une infiltration après trois semaines passées avec anti-inflammatoire généraux.

 

La peau à l’endroit de la lésion a été très abîmée dû aux crèmes anti-inflammatoires, repoussant toujours plus son infiltration.

Depuis il a retrouvé ses appuis et se porte bien, malgré un pronostic sportif plus qu’incertain. Le copain de pré de Cali souffre quant à lui d’immunodéficience et d’abcès de pied, les toxines s’élimineraient par les extrémités d’après le maréchal.

Le montant total des frais vétérinaires de la maladie (sans complication tendinite) s’élève à environ 1800€ répartie de la manière suivante :

● 40% de perfusions

● 20% de TVA

● 15% de déplacements et consultations

● 15% de compléments alimentaires et médications

● 5% de prises de sang

● 5% de dépenses diverses

135 litres de perfusions (l’équivalent d’environ 700€) auront été injectées à Cali ! A partir de maintenant je disposerai de seringue buccale de charbon + argile : Leva-Carb. Cette seringue a été prescrite par le vétérinaire en urgence quand il a découvert Cali dans son pré. Le Leva-Carb permet de neutraliser les toxines du bol alimentaire en cas d’intoxication, c’est sans danger et peut faire gagner de précieuses heures dans une situation similaire… je l’ajoute à ma trousse de secours sans hésitation !

Il existe déjà de nombreuses sources (par exemple http://www.respe.net/ ) quant aux symptômes et à la prévention de la myopathie atypique équine. Je vous invite à les consulter si ce n’est pas déjà fait.

Dorénavant je veillerai :

● aux arbres environnant la pâture de mon cheval malgré qu’il y ait 20 chevaux autour depuis 2 ans !

● également à ce qu’il ait accès au foin même s’il est en bel état et qu’il travaille bien.

● Je mets dans ma trousse de secours des seringues buccales de Leva-Carb.

● Je me renseignerai sur les assurances existantes pour protéger mon cheval (et mon porte monnaie !)

Reconnaissance de l’érable sycomore

Le champêtre se reconnait bien avec sa courbure typique allant vers l’extérieur, le sycomore quant à lui est arqué vers l’intérieur.

Le samare du sycomore est très fermé sur lui même, sa feuille quant à elle est dentelée

Erable plane contrairement au sycomore, la “queue” du samare remonte vers l’extérieur.

Erable champêtre, les samares sont attachés horizontalement

Prévention et signes d’alerte

Il y a deux saisons propices aux épisodes de myopathie atypique : l’automne (les samares tombent au sol) et le printemps (les samares toxiques germent donnant naissance à des plantules toutes aussi dangereuses.) Pour les cas où cela est possible l’élagage de l’arbre est recommandé.

Il est nécessaire durant ces périodes de veiller à ce que les chevaux en pâtures aient :

– Un apport en foin à volonté

– Une ration complémentaire riche en vitamine E et sélénium

– De savoir reconnaître les zones à risques et d’éviter si possible l’accès pour les animaux

– De veiller à toute apparition de raideur inhabituelle dans les membres postérieurs

Signes cliniques

Présents chez plus de 50% des cas : 

  • Emission d’une urine foncée : émission spontanée ou à la suite d’une palpation rectale ou encore d’une cathétérisation (93%)
  • Muqueuses congestives (couleur rouge) (53%)
  • Faiblesse généralisée (85%)
  • Raideurs (83%)
  • Psychisme déprimé (80%)
  • Fréquence cardiaque augmentée : > 45 battements/ min (79%)
  • Cheval couché sur le flanc (78%)
  • Appétit conservé (72%)
  • Tremblements (68%)
  • Sudation (54%)
  • Température rectale normale : 37-38°C (60%)
  • Distension de la vessie (58%)

Présents chez moins de 50% des cas :

  • Difficultés respiratoires (49%)
  • Hypothermie : température rectale < 37°C (29%)
  • Anorexique (28%)
  • Difficultés à déglutir (23%)
  • Appétit exacerbé (18%)
  • Hyperthermie : température rectale > 38°C (11%)

Afin d’identifier très rapidement l’intoxication il est impératif de transmettre les éléments suivants au vétérinaire :

– Le cheval a t-il des samares/plantules de sycomores dans son environnement?

– Y a t-il eu des grands vents les jours précédent la découverte de l’animal?

– Le cheval a t-il des raideurs dans l’arrière main?

– Si vous le voyez uriner, de quelle couleur sont ses urines ?

Malheureusement de nombreuses recherches sont encore a effectuer avant de comprendre et d’améliorer les chances de survie face à la MAE, une meilleure connaissance des informations que nous avons à l’heure actuelle permettra de diminuer certains risques.

Partie III

Prise en charge de la MAE

Avis d’avocat

Les frais engendrés par la MAE peuvent être pris en charge par la responsabilité civile du gardien d’équidé. Chaque cas est différent et doit être traité en conséquence, voici quelques exemples.

J’ai eu l’opportunité de pouvoir échanger avec une avocate spécialisée en droit équin dont voici un extrait d’informations et de de recommandations qu’elle a pu me fournir.

La structure équestre est tenue d’une obligation de sécurité obligeant cette dernière à maintenir les chevaux dont elle a la garde, du fait du contrat de pension, en bonne santé.

Si le cheval se blesse pendant la période dite “d’hébergement” (il est en boxe ou au pré mais pas au travail), c’est à la structure équestre de prouver qu’elle n’a pas commis de faute ayant entraîné les blessures du cheval.

Ainsi, à partir du moment où vous engagez la responsabilité de la structure équestre, la seule chose que vous devez établir est que votre cheval est tombé malade pendant qu’il était sous la garde de la structure équestre (pendant le contrat de pension).

C’est à la structure équestre de démontrer qu’elle n’a commis aucune faute (ce qui est très difficile – ex. un cheval qui s’est blessé en marchant sur un clou de maréchal-ferrant : la structure d’accueil n’a pas réussi à prouver qu’il n’avait pas commis de faute).

En ce qui concerne la couverture d’assurance des structures équestres, généralement l’assurance couvre ce type de dommages (notamment le remboursement des frais vétérinaires – il faut se battre un peu plus pour les dommages et intérêts). Il conviendrait toutefois de vérifier les conditions particulières de leur contrat d’assurance.

Exemple de facteurs incriminants :

1. Les sycomores/samares se trouvent dans le pré de votre cheval (à voir toutefois la quantité)

2. Est-ce la première fois qu’un tel cas se produit et donc, la structure équestre ne peut pas dire qu’elle n’est pas au courant de la myopathie atypique et aurait dû prendre les précautions nécessaires (ex. effectuer une vérification régulière des prés, de la santé du cheval) ?

3. Il y a eu plusieurs cas de myopathie atypique équine depuis le début de l’automne 2016 signalés sur le site du RESPE et dans votre région

4. Est-ce la structure équestre ou le propriétaire qui a retrouvé le cheval en état de détresse ?

S’il s’avère que la structure équestre a une part de responsabilité, les éléments suivant pourraient être demandés :

● remboursement des frais vétérinaires engagés;

● indemnisation préjudice perte de la valeur du cheval;

● indemnisation préjudice moral.

A compter du sinistre, vous posséder d’un délai de cinq ans pour vous manifester, cependant il est conseillé d’agir dans les six mois afin d’éviter tout dépérissement de preuves. Lisez votre contrat d’assurance, il existe parfois des clauses prenant en compte les frais de dépenses juridiques.

En cas d’accord avec le propriétaire de la pension il convient que le propriétaire du cheval intoxiqué écrive une lettre mettant en cause la responsabilité du gérant (mise en demeure) et l’envoie à ce dernier, puis dans un deuxième temps, que le propriétaire de la pension écrive à son assurance les faits qui se sont déroulés incriminant sa responsabilité civile.

Exemples de lettres

Voici un exemples de lettres écrites à la fois pour le gérant de la pension et pour l’assurance de ce dernier qui ont débouchées sur un remboursement.

Lettre du propriétaire au gérant de la pension

Objet : Intoxication alimentaire de mon cheval

Monsieur,

Vous avez mon cheval NOM DU CHEVAL en gardiennage. Vous l’avez mis dans un champ où il a été intoxiqué pour avoir ingéré les fruits d’érables sycomores. Il a été hospitalisé en clinique équine en urgence pour soins intensifs le DATE (myopathie atypique équine).

Je vous demande donc réparation du préjudice subi au titre de votre responsabilité civile de gardien d’équidés.

Veuillez agréer, Monsieur, mes sincères salutations.

Lettre du gérant de pension à son assurance

Objet : Sinistre du DATE

Madame, Monsieur

Le DATE, un cheval a ingéré les fruits d’érables sycomores à l’herbage. Le cheval en question est NOM DU CHEVAL et son propriétaire NOM DU PROPRIÉTAIRE.

Je fais la déclaration ce jour suite à la mise en cause par le propriétaire du dit cheval au titre de ma responsabilité civile de gardien d’équidés.

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’assurance de mes sincères salutations.

Ressources utiles

Voici une liste non-exhaustive des sites, produits, livres, et autres qui m’ont été utiles durant cette expérience et à l’écriture de cet eBook. J’ai beaucoup lu pour comprendre les mécanismes de la maladie, savoir comment soulager mon cheval immobilisé grâce à des mouvements passifs pour lui redonner de la proprioception et activer son système.

Sites internet :

● RESPE pour la MAE : http://www.respe.net/category/maladie/myopathie-atypique

● Mon blog : http://hynder.fr/

Livres :

● Equine Injury, Therapy and Rehabilitation : http://amzn.to/2m1aWOf

● Nouveau manuel vétérinaire pour propriétaires de chevaux : http://amzn.to/2kNjXse

● Massage équin – Guide pratique : http://amzn.to/2kNrJCz

 

« Je m’appelle Morgane Gérout, après avoir commencée mon aventure en poney-club j’ai pu gravir les étapes jusqu’à devenir compétitrice en épreuves Pro2.

Mes différentes expériences m’ont permises d’être cavalière maison pour des écuries de haut et très haut niveau, en France et à l’étranger notamment en Allemagne et aux États-Unis. J’ai pu monter dans des écuries Olympique, des écuries de Champion de France et travailler avec des cavaliers mondialement reconnus.

Je suis cavalière de CSO et la myopathie atypique équine est quelque chose contre laquelle je pensais être “immunisée”, que c’était quelque chose réservée aux propriétaires de chevaux de pré. J’avais tort et c’est l’une des raisons pour laquelle j’ai décidé de partager mon expérience, afin que les gens soient mieux informés.

Vous pouvez également retrouver cette expérience en partie partagée sur mon blog Hynder ( http://www.hynder.fr ) dans la catégorie MAE. Sur ce blog j’essaierai de partager du mieux que je puisse mes expériences vécues, bonnes ou mauvaises.

Au fil de ces nombreuses années passées dans le domaine équestre, j’ai pu me construire un réseau de personnes toutes plus intéressantes les unes que les autres. Du cavalier au vétérinaire en passant par le chercheur scientifique ou à l’avocate. Si vous souhaitez pouvoir en bénéficier, si vous avez des remarques à me faire concernant cet eBook, ou si vous voulez tout simplement me contacter, n’hésitez pas à m’écrire à l’adresse suivante : morgane@hynder.fr

Sportivement,

Morgane Gérout-Juban et Lorène Faucompré  »