24 octobre 2019 - Santé

CHEVAL ET RHINOPNEUMONIE

Dossier
La rhinopneumonie chez le cheval

Les crises sanitaires se succèdent dans la filière équine : rhinopneumonie en 2018, grippe en 2019 ! La rhinopneumonie est source de pertes économiques majeures, notamment dans les élevages et les centres d’entraînement et de concours, comme en témoigne la dernière épizootie de 2018 : elle a été une crise à la fois sanitaire et médiatique. La faible couverture vaccinale et les mesures sanitaires insuffisantes ont été les causes de cette dernière crise. Le recours systématique à la vaccination fait aujourd’hui l’unanimité de la communauté scientifique pour prévenir les épizooties.

La rhinopneumonie équine est une maladie contagieuse virale des équidés dont les agents responsables sont les herpès virus équins 1 et 4. Ces virus appartiennent à la famille des Herpesviridae. On connait, par exemple chez l’homme l’herpès simplex virus 1, responsable de l’herpès buccal ou le varicella zoster virus qui provoque la varicelle de la petite enfance et le zona à l’âge adulte.

Quelle que soit l’infection par un herpès virus équin, elle est caractérisée par une maladie de l’appareil respiratoire dont la gravité varie selon l’âge et l’état immunitaire du cheval. L’infection par l’HVE1, en particulier, peut progresser et provoquer des maladies plus sévères qui peuvent se manifester par des avortements, des mortinatalités des poulains ou des troubles neurologiques.

Dans la grande majorité des cas, la primo-infection a lieu dans les premières semaines ou les premiers mois de vie de l’animal, au contact de la mère porteuse latente. La phase de latence est un élément clé dans la pathogénie des herpèsvirus. La plupart des animaux infectés portent le virus de manière latente, sans présenter de signes cliniques, pendant des périodes très longues, voire même à vie. La réactivation peut avoir lieu dans différents contextes : suite à un stress comme le transport, un changement d’environnement, le sevrage ou la  castration.

Connaître et reconnaître les symptômes :

Cette maladie est causée par les herpes virus équins 1 et 4 ; l’HVE1 se manifeste par l’une des trois formes suivantes. L’HVE4, quant à lui, ne se manifeste que par la forme respiratoire.

• La forme respiratoire

Les herpes virus équins 1 et 4 provoquent une rhinopharyngite aiguë ayant tendance à évoluer rapidement en trachéobronchite. La maladie dure 1 à 2 semaines et est susceptible d’être compliquée par des surinfections bactériennes.

• La forme abortive

Cette forme est générée exclusivement par l’HVE1 et dans des cas exceptionnels par l’HVE4. Les avortements en fin de gestation sont très fréquents en cas de contamination par l’HVE1.

• La forme neurologique

Provoquée par l’HVE1, les signes manifestés sont l’ataxie temporaire, la parésie, l’incontinence urinaire ou encore la paralysie complète pouvant conduire à la mort de l’animal.

Le diagnostic de la maladie est réalisé par PCR (Polymerase Chain Reaction), méthode de biologie moléculaire d’amplification génétique in vitro, sur différents prélèvements.  Dans la majorité des cas, sur écouvillons naso-pharyngés et par prise de sang pour les formes respiratoires, sur les organes fœtaux et le placenta lors d’avortements, et sur écouvillons naso-pharyngés, ou par prise de sang, ponction du Liquide Céphalorachidien et sur le cerveau pour les formes nerveuses.

Surveiller et prévenir la rhinopneumonie 

Face à cette maladie, les vétérinaires ne peuvent recommander qu’un traitement symptomatique qui se traduit par la mise au repos du cheval  et la gestion de la fièvre. Pour la forme nerveuse, des complications peuvent survenir nécessitant le maintien du cheval debout pendant la période de traitement. A ce jour, aucun traitement spécifique pour combattre la rhinopneumonie n’existe.

Pour éviter la contamination du cheval par les herpes virus équins 1 et 4, la meilleure prévention reste donc la vaccination associée aux mesures sanitaires telle que la biosécurité (zonage des animaux, fermeture des structures infectées, confinage, mesures d’hygiène générale…).

Dans la filière sport et loisir,  c’est au propriétaire de faire le choix de vacciner ou non son animal. Seule la filière course vient d’imposer cette vaccination. En matière de reproduction, la vaccination est obligatoire dans certaines races.

La prévention de la rhinopneumonie chez le cheval

La rhinopneumonie a une importance considérable pour l’élevage et les activités sportives d’un point de vue clinique et également économique : lors de l’épizootie de 2018, 335 rassemblements et 50 000 engagements ont été annulés. L’analyse de cette crise sanitaire fait ressortir des facteurs favorisants, tels les rassemblements très nombreux dans la zone de départ, les facteurs météorologiques et surtout des précautions sanitaires insuffisantes dans les rassemblements par les organisateurs ou les cavaliers et une population équine très insuffisamment vaccinée (28, 5% en 2017). De bonnes pratiques sanitaires permettent de prévenir les maladies contagieuses que ce soit au sein d’une structure ou lors des rassemblements. Elles sont à appliquer au quotidien, et pas uniquement en période de crise. La vaccination régulière des effectifs permet de limiter la durée et la gravité des signes cliniques et la diffusion des épizooties.

Avec la collaboration du
Dr Sophie Paul-Jeanjean

Docteur vétérinaire

Responsable technique gamme équine

Boehringer
Ingelheim
Crédits photos © D. Gautier