15 janvier 2019 - Alimentation et compléments / Santé

BIEN NOURRIR SON CHEVAL DE SPORT EN 5 POINTS

Dossier
Bien nourrir nos chevaux

Comme tout athlète, le cheval de sport a des besoins energétiques élevés. L’alimentation est un paramètre important pour sa performance sportive. Mal gérée, elle peut devenir un facteur limitant. Voici les bases d’un bon rationnement.

1) Raisonner l’alimentation en privilégiant la santé digestive du cheval

Les concentrés/fourrages fournissent les substrats énergétiques (glucose/lactate/acides gras volatils AGV) qui sont ensuite transformés en ATP, source d’énergie assurant la contraction musculaire lors de l’exercice physique. Souvent distribués en grande quantité pour procurer de l’énergie au cheval de sport, les glucides proviennent de la digestion de l’amidon et des sucres largement présents dans les céréales. Seulement les rations volumineuses de concentrés riches en amidon ne sont pas adaptées au système digestif du cheval. De tels régimes sont facteurs de risque pour l’apparition d’ulcères gastriques liés à une acidification du contenu stomacal. Le cheval a en revanche une forte capacité à valoriser d’autres substrats énergétiques comme les AGV, provenant de la digestion microbienne des fourrages dans le gros intestin…

2) Couvrir au maximum les besoins avec des fourrages

Malgré ses besoins énergétiques élevés, le cheval de sport reste un herbivore ! Source d’énergie indispensable, les fibres apportées en grande quantité doivent représenter la première source d’énergie avant les concentrés. De récents travaux ont montré que des régimes exclusivement composés de fourrages et concentrés riches en fibres hautement digestibles (pulpe de betterave déshydratée/enrubanné) permettaient de couvrir les besoins énergétiques du cheval athlète, tout en limitant les dysfonctionnements intestinaux induits par des régimes trop riches en amidon. Donner la priorité aux fourrages récoltés précocement, plus riches en énergie et protéines.

Recommandations pour le foin :

Apport journalier minimum de 1,5-2% du poids vif de l’animal (soit 8-10kg pour un cheval de 500kg).

3) Complémenter si nécessaire

Suivant le type d’effort attendu et la qualité nutritive du fourrage (le faire analyser en laboratoire), on complètera la ration avec des concentrés (céréales, légumineuses ou/et aliments du commerce) pour fournir :

• De l’énergie (Unités Fourragères Cheval, UFC) :

Céréales (source d’énergie rapide) pour des efforts intenses et rapides, matières 1ères lipidiques (huile par exemple, source d’énergie lente) pour des efforts endurants.

• Des protéines (Matières Azotées Digestibles Cheval, MADC) :

Le cheval de sport adulte n’a pas besoin d’un apport aussi important en protéines que le jeune cheval en croissance, mais de protéines de qualité contenant des acides aminés indispensables comme la lysine (tourteau de soja, luzerne, graines de légumineuses). Augmenter légèrement les apports à la reprise de l’entraînement.

• Des minéraux, oligo-éléments et vitamines :

Pierre à sel (NaCl) en permanence à disposition, complément minéral vitaminique (CMV) pour ajuster la ration en Ca, P, Mg, Se, vitamines…

4) Fractionner et raisonner les apports alimentaires

Le système digestif du cheval est adapté à une ingestion continue d’aliments grossiers comme les fourrages. La distribution de grosses rations de concentrés (>4L), notamment de céréales, entraîne des désordres métaboliques.

L’idéal est de proposer du fourrage à volonté. Si ce n’est pas le cas, chercher à :

• Fractionner au maximum la distribution des aliments dans la journée, sans dépasser 200g d’amidon/100kg de PV/repas de concentrés (risques d’ulcères, coliques) ;
• Distribuer les fourrages avant les concentrés pour optimiser la digestion de l’amidon ;
• Ralentir la durée d’ingestion des fourrages avec des slow-feeders ;
• Distribuer le fourrage le plus fréquemment possible, avec une part plus importante le soir pour limiter toute période de jeûne de plus de 6h.

5) S’appuyer sur l’état corporel du cheval

Contrôler régulièrement l’état corporel du cheval (note d’état corporel NEC et poids une fois par mois) pour ajuster la ration, c’est-à-dire équilibrer au mieux les apports par rapport aux besoins. La NEC optimale est de 3-3,5 au débourrage/début de saison et 2,5-3 en période de compétition.

Entraînement & compétition :

• Ne pas laisser le cheval à jeun avant un effort : donner du fourrage en petites quantités (2kg).
• Faire attention à l’abreuver suffisamment.
• Donner des électrolytes pour compenser les pertes liées à une forte sudation.
• Ne pas travailler le cheval directement après ingestion de concentrés.

Le saviez-vous ?

Teneurs en UFC : huile > maïs > orge > avoine
Teneurs en MADC : soja > luzerne > foin de prairie naturelle
Enrubanné à 60% de MS = fourrage parfaitement adapté au cheval de sport > plus riche en énergie et protéines, bonne qualité sanitaire (pas de poussières/moisissures)

Auteurs : Nelly Genoux, Pauline Doligez et Alexandre Kempfer (Ifce)

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