« Un cheval n’est pas un oiseau « ! Cette remarque pour rappeler qu’un cheval ne se nourrit pas juste de graines et de céréales que l’on donne deux fois par jour. Il est souvent nécessaire de rappeler les règles essentielles de l’alimentation du cheval.
Petit rappel concernant le système digestif du cheval
Le système digestif du cheval est très fragile. Son estomac est très petit par rapport au volume journalier nécessaire à nourrir. Le cheval va donc devoir brouter « peu » mais sur une longue période. Nous considérons que le cheval mange entre 15 et 17 heures par jour tout en se déplaçant pour chercher sa nourriture et favoriser sa digestion. A cela s’ajoute l’absence de vésicule biliaire. La vésicule biliaire est une poche qui sert de zone de stockage de la bile produite par le foie en vue de sa restitution lors de la digestion. Le cheval en étant dépourvu, la bile est déversée de manière continue dans le tube digestif (au niveau de l’intestin).
Enfin, l’acide chlorhydrique dans son estomac (les acides digestifs) nécessite la présence permanente de « lest » pour éviter une acidité trop importante. Le « lest » va éponger et diluer les acides gastriques. Le cheval doit donc brouter pour remplir son estomac afin d’en faire baisser le pH. Si ce n’est pas le cas, les acides gastriques s’attaqueront aux muqueuses entrainant brûlures, coliques ou ulcères.
L’herbe et le foin : Une base alimentaire
N’oublions pas que le cheval est un herbivore et qu’avant sa domestication, il se nourrissait exclusivement de plantes fraiches ou séchées (le foin). De ce fait, le cheval pour métaboliser la cellulose des plantes a développé une microflore bactérienne, fongique et de protozoaires spécifiques. La digestion du cheval diffère donc fortement de celle des carnivores.
A cela s’ajoutent des différences physiques (impossibilité de régurgiter, petit estomac, absence de vésicule biliaire) dont il faut tenir compte quand on souhaite soi-même choisir l’alimentation de son cheval.
Pour le cheval, il faut garder à l’esprit que « le bonheur est dans le pré ».
Même si nous connaissons le fameux adage « 1 cheval sur 1 hectare », il est de loin préférable « 10 chevaux sur 10 hectares ». Déjà le cheval n’est pas seul et peut reproduire un comportement de troupeau et sur 10 hectares, la biodiversité alimentaire est beaucoup plus riche qu’une pâture de 1 hectare.
Si le cheval est nourri au foin (sec avec 85 à 90% de matière sèche), il lui faut entre 1,5 et 2kg de foin par jour pour 100kg de poids. Le mieux est de laisser à disposition du foin à volonté à son cheval. Bien entendu, le foin doit être de bonne qualité puisqu’il apporte les nutriments de base au cheval. Les conditions de récolte et de stockage du foin sont importantes. En cas d’utilisation d’un foin préfané (plus ou moins 60% de matière sèche) ou ensilé (moins de 50% de matière sèche) s’ils ne sont pas correctement conservés, ils peuvent présenter des traces de moisissures ou de mycotoxines.
Idéalement, quand ils sont aux boxes, nos chevaux doivent bénéficier de foin à volonté et être sur une litière de paille qu’ils peuvent aussi grignoter. Pour réaliser cette litière, qui doit être parfaitement entretenue et propre, il est possible de varier les plaisirs gustatifs de nos chevaux. Pour ce faire, nous pouvons utiliser de la paille de blé, d’orge ou de seigle, en alternance ou mélangé.
Attention que cette paille soit juste un petit complément au foin (si le cheval le souhaite) et non pas une alternative au foin pour des raisons d’économie.
Enfin n’oublions pas que l’herbe et le foin apportent les prébiotiques indispensables à une bonne digestion (présence d’inuline, fibre polysaccharides hydrosolubles).
Un complémentant alimentaire, oui, mais sous condition
Il existe actuellement sur la marché pléthore de marques d’aliments sous toutes leurs formes (granulés, floconnés, fibres diverses). Cette offre de base est complétée par divers compléments et suppléments alimentaires qu’il peut être bon de donner à son cheval soit ponctuellement, soit sur le long terme en fonction de certaines pathologies ou de carences diverses.
Comme évoqué plus haut, depuis des générations, le cheval se contente de végétaux et vit correctement dans ces conditions. Depuis sa domestication, nous lui imposons une vie de travail, de sport, de reproduction, … En fonction de la physiologie du sujet, son activité, son âge, il est conseillé de compléter la ration d’herbe et/ou de foin avec un complément alimentaire. La majorité de ces compléments se présente sous forme de granulés ou de flocons.
C’est bien de complémenter, mais encore faut-il savoir ce que contiennent ces compléments.
En premier lieu, il est conseillé de choisir un aliment facilement digestible avec plus ou moins d’éléments nutritionnels en fonction de l’activité du cheval. Voici les 5 composants principaux des compléments alimentaires que l’on retrouve dans le commerce :
1- Des lipides
Ce sont des acides gras dont les oméga-3 et oméga-6 dits essentiels. Ce type de compléments est bénéfique aux chevaux de sport ou âgés.
2- Des protéines
Elles ont des rôles très variés, intervenant aussi bien dans le métabolisme énergétique, le conditionnement de l’ADN, comme catalyseur des réactions chimiques au niveau cellulaire, … Un apport en protéines est intéressant chez les jeunes en croissance pour leur développement ou chez les sujets en perte d’état.
3- De l’amidon
Il s’agit d’un sucre que l’on retrouve dans les céréales de type blé, orge ou maïs. Il est possible d’en donner en quantité raisonnée à un cheval sportif. Même si l’amidon apporte directement de l’énergie aux muscles, il convient de ne pas en abuser pour éviter tout risque d’ulcères ou de chevaux dit « gras ». En effet, l’amidon non transformé en énergie et donc inutilisé musculairement sera inévitablement stocké sous forme de gras.
4- De la mélasse
C’est un sirop épais et visqueux constituant un résidu du raffinage du sucre. Bien que riche en sucre, donc énergisant pour les sportifs, la mélasse reste un résidu avec lequel il convient de rester très prudent en raison des risques physiologiques (surpoids, arthrose, candidose, ulcères, fourbures, SME, …). Ce n’est pas pour rien que la mélasse est essentiellement destinée à la fabrication d’alcool éthylique, de solvant et de biocarburant.
5- Des fibres
Certaines marques proposent des compléments à base de fibres végétales. Néanmoins, ce complément ne doit être présent que pour alléger la ration, la source de fibre principale devant rester l’herbe et/ou le foin.
Conseils :
On nous demande souvent quel est le meilleur aliment du commerce pour un cheval. Il nous est malheureusement impossible d’y répondre sans connaître précisément son état, son activité, ses antécédents etc. Néanmoins, pour vous aider dans vos choix, une fois les besoins de votre cheval décelés, nous vous proposons l’exercice suivant :
- Récupérer toutes les informations nutritionnelles sur les étiquettes d’aliments que vous pressentez pour votre cheval.
- Faites un tableau avec les marques (références) d’aliments et les points clefs de son alimentation.
- Surlignez en rouge les points que vous trouvez négatifs et en vert les points positifs.
- Comparez les points positifs et négatifs et vous aurez trouvé l’aliment idéal pour votre cheval.
Pour information, cette méthode est aussi très efficace pour le choix des croquettes de vos chien et chats.
Les suppléments pour combler un déséquilibre, éviter une carence et assurer le bien-être et la santé du cheval.
Comme évoqué plus haut, une bonne pratique serait de laisser les chevaux sur des surfaces de 10 hectares minimum pour assurer une multiplicité et une biodiversité alimentaire. Malheureusement, il n’est pas toujours facile de trouver une telle surface pour son cheval. Les chevaux évoluent donc sur des surfaces plus petites, souvent surexploitées et ne disposent donc plus de la variété et de l’équilibre VÉGÉTAL indispensable.
Nous sommes donc amenés à complémenter le cheval : des CMV, des oligo-éléments, des huiles végétales, des algues, … Ces CMV peuvent être d’origine naturelle ou issus de l’industrie. Il n’est par ailleurs pas rare de complémenter son cheval avec de l’Harpagophytum (en cas d’arthrose), de la Biotine (pour la repousse des sabots), de la Spiruline (en cas de carence), de pratiquer des cures de « Détox » pour le foie et ceci de manière ponctuelle en cas de crise ou sur le long terme en cas de pathologie chronique.
Néanmoins, il ne s’agit pas de complémenter à tout va et dans tous les sens. Il convient de garder un protocole en fonction des saisons, des besoins du cheval ainsi qu’un ordre dans le déroulement des cures s’il devait y en avoir plusieurs.
En cas de doute, il est possible et conseillé de faire appel à son vétérinaire qui fera un bilan de santé complet, ce qui aidera au choix des cures à admnistrer à son cheval. Le meilleur pouvant être l’ennemi du bien, concernant les plantes médicinales (phytothérapie), il est conseillé de demander conseil à son vétérinaire, à un professionnel des plantes médicinales et/ou un phytothérapeute pour éviter toute erreur ou interaction entre deux traitements.
En conclusion, si le cheval vit dans un pré suffisamment grand et/ou qu’il reçoit une quantité suffisante et constante de foin de qualité, ses besoins nutritionnels de base seront comblés. Une ration journalière lui permettra de combler ses besoins en cas d’activité spécifique. En cas de carence et/ou pour aider à la bonne santé de son cheval, des compléments peuvent soutenir sa physiologie et son métabolisme.
Herve Hofer
crédits photos @Shutterstock, @Cheval partenaire, @AJC Nature