Pourquoi mon cheval fait de la fourbure ?
La fourbure est une maladie invalidante pour le cheval connue depuis l’Antiquité. Les pieds du cheval sont le siège de phénomènes inflammatoires et d’atteintes vasculaires. Ces lésions sont responsables d’une désunion entre les structures osseuses et cornées, provoquant la bascule de la troisième phalange (os du pied) vers l’avant.
La fourbure se rencontre dans des circonstances variées : ingestion massive d’aliments riches en glucides solubles (visite dans le coffre à grain, herbe abondante au printemps), infections généralisées provoquant la libération d’endotoxines (infection de l’utérus lors du poulinage, diarrhée…), syndrome de Cushing, surcharge pondérale ou encore lors d’administration de corticoïdes à action prolongée…
Comment reconnaître les symptômes d’une fourbure ?
On distingue la fourbure aiguë, véritable urgence médicale, et la fourbure chronique. La fourbure aiguë se manifeste par une boiterie des deux antérieurs (parfois d’un seul pied ou des quatre pieds) d’apparition soudaine. Le cheval adopte alors une posture caractéristique pour soulager ses pieds : il reporte son poids sur son arrière main (photo n°1). Cette affection est extrêmement douloureuse et le cheval rechigne à se déplacer. Les pieds sont chauds avec un poul sanguin digité augmenté.
La fourbure peut évoluer en une à deux semaines vers un stade chronique, caractérisé par une bascule de la 3ème phalange dans la boite cornée. L’animal présente alors une boiterie persistante, une déformation du sabot et reste longtemps couché.
Comment soigner la fourbure ?
La radiographie est un élément essentiel à toutes les étapes de la prise en charge d’un cas de fourbure pour établir le diagnostic, estimer le pronostic et gérer le suivi de la maréchalerie en phase chronique.
La fourbure aiguë nécessite la mise en place rapide d’un traitement de la cause quand celle-ci est déterminée. Par exemple, lors d’infection utérine après le poulinage, il faudra réaliser des
lavages utérins. Il faut également mettre en place un traitement symptomatique et spécifique de la fourbure :
• lutter contre la douleur et l’inflammation avec des anti-inflammatoires.
• combattre les phénomènes vasculaires en refroidissant les pieds et en pratiquant une saignée (qui consiste à retirer quelques litres de sang au cheval).
• éviter l’aggravation de la bascule de la troisième phalange par un pansement de pied sur les glomes et en confinant le cheval dans un box garni d’une litière épaisse et
amortissante, au repos strict.
Lors de la phase chronique, le traitement orthopédique avec parage et ferrage du pied (à l’aide d’un fer en cœur (photo 2), en M (photo 3) ou à l’envers) ne s’envisage qu’après la stabilisation des symptômes et un examen radiographique du pied. On adaptera l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens au confort du cheval. La reprise de la marche est possible au plus tôt lorsque les signes douloureux ont disparu et que la maréchalerie a été gérée.
Lors de fourbure inexpliquée, notamment chez les animaux âgés, il est indispensable de rechercher un syndrome de Cushing (ou DPIP ou dysfonctionnement de la Pars Intermedia de la glande Pituitaire) par une prise de sang. Le DPIP est un désordre endocrinien hormonal des équidés dû à une hyperplasie ou un adénome de la Pars Intermedia de l’hypophyse. Il est caractérisé par une
dérégulation de la production de cortisol associée à des signes cliniques parfois caractéristiques comme l’hirsutisme ou la fourbure. Si le résultat de la prise de sang est positif, il conviendra de mettre en place un traitement journalier.
La fourbure reste une affection grave qui peut compromettre définitivement l’aptitude au travail du cheval. Celle-ci nécessite l’intervention urgente d’un vétérinaire. Le pronostic est parfois
réservé et l’euthanasie du cheval doit parfois être envisagée.
Avec la collaboration de Sophie Paul-JeanJean,
Docteur vétérinaire, Responsable technique gamme équine, Boehringer Ingelheim