16 avril 2025 - Santé

Évaluer l’état corporel de son équidé pour ajuster la ration

La ration de votre cheval

L’état corporel d’un équidé est un bon indicateur de la qualité de son rationnement. Ni trop, ni trop peu… tout réside dans le juste milieu si l’on souhaite garder son équidé en bonne santé. Mais comment évaluer simplement et efficacement son état corporel ? Comment interpréter la note ? Et finalement, qu’en déduire dans la pratique ?

 Comprendre de quoi il est question

Estimer l’état corporel d’un équidé consiste à évaluer ses réserves en graisse (la masse adipeuse). Cela permet de vérifier si la ration est adaptée à ses besoins (notamment en fonction de son état physiologique et de son niveau d’activité), d’ajuster la conduite alimentaire en conséquence et de suspecter une éventuelle maladie.

 Évaluer 3 à 6 sites anatomiques bien précis

Il s’agit d’apprécier, par observation et palpation, l’épaisseur de graisse entre la peau et les os au niveau des côtes, de l’arrière de l’épaule, du garrot, du bord supérieur de l’encolure, de l’attache de queue et de la croupe. Les notes sont établies entre 0 et 5 (0 étant la note la plus basse et 5 la note la plus haute) avec une pondération à 0,25 points près. Pour cela, il est conseillé de maintenir l’équidé droit, tenu en licol par un manipulateur du même côté, dans un endroit calme à l’écart des autres équidés. La ligne du dos et des reins ainsi que les flancs sont des sites d’évaluation particulièrement observés chez les ânes.

 Calculer la note moyenne

La note d’état corporel (NEC) globale de l’équidé est calculée en effectuant la moyenne des notes des 3 à 6 sites évalués, auxquelles il faut appliquer un coefficient de pondération (voir tableau ci-dessous).

Nombre de sites notésCoefficient de pondération à appliquer
CôtesArrière de l’épauleGarrotEncolureAttache de queueCroupe
3 au minimum60%25%15%
555%20%10%10%5%
650%15%10%15%5%5%

 Vérifier que 2,5 < NEC < 3,5

Suivant la catégorie d’équidés considérée (sexe, âge, discipline…) et la saison, la NEC optimum se situe entre 2,5 et 3,5. Si c’est le cas, c’est que les apports alimentaires au cours du mois précédent étaient adaptés aux besoins de l’équidé. Continuer ainsi, en maintenant la ration et l’activité physique actuelles. En revanche, si la NEC s’écarte de cet optimum, il va falloir rééquilibrer la ration ou modifier l’activité par exemple.

❺ Si NEC > 4 –> mettre au régime

L’embonpoint (NEC > 4) est souvent la conjonction entre une suralimentation et un manque d’activité en relation avec les apports alimentaires fournis à l’équidé. Cet état augmente le risque d’apparition de maladies métaboliques (fourbure, insulino-résistance) et de boiteries. Il faut alors mettre l’équidé au régime :

  • Restreindre la surface allouée à l’équidé et/ou le temps de pâturage en fonction de la qualité et de la quantité d’herbe disponible ;
  • Privilégier l’apport de fourrages de faible valeur nutritive à hauteur de minimum 1,25% du poids vif :
    • Distribuer un foin fibreux récolté tardivement (plus grossier) ;
    • Remplacer une partie du foin par de la paille ;
    • Tremper le fourrage pour réduire son taux de sucres ;
  • Proscrire l’apport de concentrés (notamment ceux riches en amidon) et de friandises sucrées.

En parallèle, augmenter progressivement l’intensité et la fréquence de travail (durée, allures, séances…).

❻ Si NEC < 2,5 –> vérifier l’état de santé et augmenter les apports

Le manque d’état est souvent associé à un manque d’apport énergétique, à une intensité de travail ou de production plus forte, à une maladie et/ou à des troubles digestifs. Il faut alors observer le comportement alimentaire de l’équidé, faire vérifier la dentition et consulter un vétérinaire. En parallèle, augmenter les apports énergétiques et protéiques :

  • Privilégier un fourrage de bonne valeur nutritive (herbe au stade feuillu, foin ou enrubanné de prairie récolté précocement) ;
  • Complémenter avec des concentrés riches en énergie et protéines si nécessaire ;
  • Isoler l’équidé pendant l’ingestion de la ration de concentrés.

En hiver, il est conseillé de couvrir et abriter les équidés maigres, afin de leur éviter des dépenses énergétiques supplémentaires.

Pour les chevaux au travail, penser à augmenter les ressources énergétiques et protéiques en période de compétition si nécessaire, surtout pour les jeunes en croissance.

Pour les chevaux d’élevage, une conduite en pâturage tournant permet d’offrir un couvert végétal en qualité et quantité suffisante pour subvenir à leurs besoins élevés.

Avec les chevaux âgés, veiller à faciliter l’accès à l’eau et à la nourriture, stimuler l’appétit en rajoutant des carottes, vérifier l’absence de diarrhées, et enfin privilégier le maintien en groupe restreint et calme.

 Effectuer un suivi régulier

La NEC dresse le bilan énergétique du mois précédent. Il est recommandé d’évaluer l’état corporel de l’équidé tous les mois (dans l’idéal) ou tous les 2 mois (au minimum) afin de repérer rapidement un éventuel problème et de réajuster la ration si nécessaire. L’objectif est de maintenir un équidé en bonne santé et dans un état de bien-être.

Par Nelly GENOUX (ingénieure agronome – IFCE) et Pauline DOLIGEZ (ingénieure de projets & développement « Alimentation et entretien des équidés

Photo © Jehanne Ketterlé

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