16 septembre 2020 - Santé

Parasitisme des équidés : une prescription raisonnée s’impose

Dossier
Vermifuger son cheval

La vermifugation est un réel enjeu présent et futur. Pour mieux gérer le parasitisme et retarder le développement des résistances, il convient de favoriser le dépistage et les coproscopies ainsi que l‘utilisation raisonnée des vermifuges, associée à des mesures sanitaires. Dans ce contexte, soulignons le rôle clé du vétérinaire qui, par ses conseils éclairés, doit rester au cœur de la prévention.

Les différences de cycle biologique, d’épidémiologie, de dangerosité et de sensibilité aux anthelminthiques des parasites, rendent difficile le choix du bon programme et de la bonne stratégie de contrôle du parasitisme équin.Compte tenu de la diversité des situations (chevaux individuels, grands effectifs), les nouvelles approches et recommandations issues des discussions des experts en parasitologie équine sont nécessaires.

Des conséquences sanitaires et économiques

Les signes cliniques les plus fréquemment associés à la présence de parasites intestinaux chez le cheval sont :

  • poil piqué terne,
  • queue ébouriffée, irritation ou prurit périanal,
  • gros ventre,
  • amaigrissement et œdèmes en zones déclives,
  • coliques,
  • diarrhée,
  • baisse de l’immunité et maladies concomittantes.

Ces signes cliniques apparaissent soit lorsque le nombre de parasites est tel que les effets négatifs deviennent visibles, soit lors d’une augmentation de la sensibilité aux parasites (cheval très jeune ou âgé, maladie concomittante…).

On peut également observer :

  • un retard de croissance chez les poulains,
  • une baisse de la fertilité chez les poulinières,
  • et une baisse de performances chez les chevaux de sport ou de courses.

Le bon vermifuge, au bon moment, sur les bons chevaux

Vermifuger son cheval

La gestion du parasitisme passe par trois étapes indispensables :

Étape 1 : objectiver les risques

Pour déterminer les sources du parasitisme chez les chevaux, le vétérinaire conduit, pour chaque cas, une enquête épidémiologique et souligne les divers facteurs de risques ; par exemple lors d’un bilan sanitaire d’écurie (BSE) ou d’une consultation spécifique.

Étape 2 : gérer les risques

La gestion du parasitisme doit répondre à deux impératifs :

  • diminuer les risques d’infestation et de contamination en agissant sur l’environnement grâce à des recommandations sanitaires et des techniques de gestion des pâtures,
  • limiter la charge parasitaire des chevaux pour protéger leur santé. Cette étape passe par un plan de vermifugation raisonné : le bon vermifuge, au bon moment, sur les bons chevaux.

Étape 3 : proposer des stratégies de traitement et de gestion des résistances

Afin de préserver une population refuge de petits strongles, qui reste sensible aux anthelminthiques, que constituent les larves enkystées dans la muqueuse et les populations non traitées, la vermifugation raisonnée s’impose : par exemple, il faudra traiter uniquement les chevaux adultes moyens et forts excréteurs l’été et l’automne, et traiter tous les chevaux en début de printemps et fin d’automne / début d’hiver. Les poulains, les jeunes animaux ou certains chevaux (avec une immunité compromise ou de haute valeur) recevront des programmes de vermifugation plus réguliers.

La coproscopie : fondamentale… et facile à réaliser

Le recours à la coproscopie est fondamental dans l’établissement d’un programme de vermifugation raisonnée et adaptée au contexte épidémiologique.

Cet examen permet la détection et le comptage, au microscope, des œufs de parasites présents dans les crottins.

Le comptage des œufs basés sur des caractéristiques morphologiques différentes permet de diagnostiquer la majeure partie des parasites équins (les ascaris, les strongles, les ténias).

La coproscopie permet, notamment d’évaluer le taux d’excrétion des œufs et d’identifier les forts (> 500 opg – œufs par gramme), moyens (compris entre 200 et 500 opg) ou faibles (< 200 opg) excréteurs de strongles. Il est en effet admis que 20 % de l’effectif excrète 80 % des œufs.

La gestion du parasitisme doit intégrer les facteurs de risques d’apparition de résistances

Les vers des chevaux

Les résistances aux vermifuges apparaissent lorsqu’une partie de la population parasitaire est capable de supporter des doses au départ efficaces. Cette tolérance est un paramètre transmissible. Elle concerne surtout les ascaris (Parascaris equorum) et les cyathostomes ou petits strongles.

Les facteurs favorisant l’apparition de résistance suivants ont été identifiés chez les chevaux :

  • le sous-dosage,
  • le non-respect des refuges de sensibilité que sont les larves enkystées dans la muqueuse ou les animaux non traités,
  • une fréquence des traitements très élevée. Elle entraîne une pression forte pouvant aboutir à la sélection d’une population résistante aux vermifuges et à la disparition des populations refuges,
  • la répétition irraisonnée de traitements avec le même vermifuge appartenant à la même classe chimique,
  • l’utilisation de molécules très rémanentes.

Dr Sophie Paul-Jeanjean, responsable technique de la gamme équine Boehringer Ingelheim.

Le logo Boehringer

Pour en savoir plus sur la vermifugation, visionnez la Minute Santé

Crédits photos © Boehringer Ingelheim Santé Animale © D. Gautier