20 septembre 2016 - Pathologies / Santé

 Les ulcères gastriques

Dossier
les-ulceres-gastriques-du-cheval

Jusqu’à 70 % des chevaux de sport souffrent d’ulcères gastriques: mieux vaut prévenir que guérir !   Le bien-être du cheval est très étudié et débattu dans le monde équestre depuis quelques années. Il peut être considéré comme la « bonne santé physique et mentale » de l’animal.

Pour l’appréhender, il faut connaître ses besoins alimentaires, sociaux, d’espace et de confort, les signes de bonne santé et d’atteinte à la santé et enfin, ses comportements permettant de déceler des états émotionnels positifs ou négatifs.

Dans les conditions naturelles, le cheval passe au moins dix-huit heures par jour à s’alimenter tout en se déplaçant. La production continue d’une salive riche en bicarbonates entraîne un effet tampon sur les secrétions gastriques acides et les mouvements du cheval facilitent le transit des aliments de l’estomac vers les intestins.

A contrario, un cheval en box est statique et reçoit sa ration de manière fractionnée, deux à trois repas quotidiens, parfois sans aucun apport de fibres. Ces conditions de vie sont génératrices d’ulcères gastriques.

Qu’est-ce qu’un ulcère gastrique ?

Un ulcère gastrique est une altération de la muqueuse de l’estomac avec destruction cellulaire conduisant à l’apparition d’érosions, de taille, de profondeur et d’extension variables.

Cette pathologie a été appelée Equine Gastric Ulcer Syndrom = EGUS (Syndrome d’ulcération gastrique du cheval).

Ils sont la conséquence d’un déséquilibre entre l’augmentation à l’exposition acide de la muqueuse et une défaillance des facteurs protecteurs.

Ces pathologies peuvent varier en nombre et en sévérité (taille et profondeur) aussi bien qu’en distribution à l’intérieur de l’estomac.

L’ulcération gastrique est un phénomène courant, qui affecte tous les types de chevaux (les poneys comme les chevaux de course), quel que soit leur âge (des poulains jusqu’aux chevaux âgés), race et type d’activité. Même ceux au repos ou au pré peuvent développer des ulcères.

Les taux de prévalence actuellement rapportés pour les différents types de chevaux sont :

  • environ 50 % des chevaux au repos,
  • 50 % des poulains,
  • presque 70 % des chevaux de sport (dressage, CSO, chevaux d’endurance),
  • presque 100 % des chevaux de course à l’entraînement.

Quelles sont les principales causes des ulcères gastriques ?

De nombreux facteurs de risque sont déjà reconnus pour favoriser l’apparition d’ulcères gastriques :

  • la gestion alimentaire et le type d’alimentation, notamment les régimes riches en amidon et glucides, un jeûne de plus de 6 h, une absence de fibres et un accès à l’eau restreint,
  • l’entraînement et la compétition : entraînement intense et répété et exercice à jeun,
  • le stress dû :
    • au transport long sans eau, ni foin,
    • au sevrage et au débourrage,
    • au confinement à l’écurie,
  • l’anesthésie générale,
  • certains médicaments gastrotoxiques tels les AINS.

L’entraînement, une mauvaise gestion de l’alimentation, des transports longs, un sevrage et un débourrage peuvent favoriser l’apparition d’ulcères gastriques.

Quels sont les symptômes?

La corrélation entre les symptômes et la présence des ulcères n’est pas toujours évidente. Les propriétaires doivent être particulièrement attentifs au comportement de leur cheval durant les périodes à risques, pour détecter d’éventuels signes d’alerte.

Si aucun symptôme n’est réellement spécifique ou pathognonomique d’un ulcère gastrique, certains signes cliniques peuvent évoquer leur présence :

Parfois les ulcères gastriques peuvent être douloureux. Ils se manifesteront alors par :

  • des changements de comportement,
  • de l’intolérance à l’exercice,
  • un appétit variable,
  • de l’inconfort abdominal,
  • et dans certains cas des coliques.

La douleur peut être accentuée avec :

  • l’arrivée d’un aliment ou de l’eau dans l’estomac,
  • lors d’une vidange gastrique prolongée ou absente.

La tolérance aux ulcères ainsi qu’à la douleur est très variable d’un individu à l’autre.

Cependant, le degré de douleur est rarement corrélé à la sévérité d’un ulcère : de petites lésions peuvent être très douloureuses, alors que des ulcères de taille importante peuvent être asymptomatiques chez certains chevaux.

Quelles conséquences sur l’organisme?

Outre la douleur qu’il convient d’éviter ou d’alléger, d’autres conséquences des ulcères gastriques chez le cheval peuvent se révéler tout aussi importantes :

  • l’impact économique lié aux baisses de performance,
  • la mort des poulains à la suite d’une perforation,
  • l’altération de leur croissance,
  • l’apparition de coliques chez les poulains et les adultes,
  • l’intolérance à l’exercice, ce qui peut faire sous-estimer leur potentiel sportif et leur performance,
  • la dégradation de leur comportement ce qui rend difficile leurs manipulations et leur transport,
  • la diminution de la prise alimentaire,

Au final, la santé et le bien-être du cheval sont compromis.

Actuellement, il n’y a pas de preuve que les ulcères gastriques puissent prédisposer à d’autres maladies chez le cheval.

Cependant, étant souvent associés à d’autres maladies, des études sont en cours pour déterminer s’il existe une relation entre certaines de ces pathologies, comme des infections ou des déplacements de colon et les ulcères gastriques.

Etant donné les nombreux effets secondaires, ainsi que l’aggravation continue liée à la présence d’un ulcère, plus tôt le diagnostic sera réalisé, plus les répercussions sur la santé du cheval seront limitées. Le meilleur moyen d’éviter les problèmes chroniques en relation avec les ulcères est de faire un diagnostic précoce et de commencer le traitement adéquat (dosage et durée) dès que possible.

Comment le diagnostiquer?

Les signes cliniques n’étant pas assez spécifiques pour établir un diagnostic de certitude, la gastroscopie (examen d’imagerie avec un endoscop/ gastroscope) reste l’unique moyen de diagnostiquer objectivement les ulcères gastriques du cheval.

C’est aussi le seul moyen pour :

  • suivre l’évolution de la pathologie,
  • visualiser la présence éventuelle d’autres pathologies type gastérophiles, tumeurs,
  • évaluer la gravité et l’étendue des lésions pour adapter le traitement.

La gastroscopie est réalisée par un vétérinaire, sur un cheval tranquillisé, après six à douze heures de diète.

Un gastroscope de trois mètres est utilisé pour la réalisation de l’examen de la totalité de l’estomac depuis le cardia jusqu’au pylore. Toutes les régions de l’estomac sont vérifiées les unes après les autres et notées tour à tour.

Idéalement, un examen de contrôle tous les quinze à trente jours est optimal pour adapter le traitement. Au cours de cet examen, on réévalue les lésions en leur attribuant une note (score) et on compare l’évolution des notes avec l’examen antérieur. 

Quels traitements doit on préconiser?

L’ensemble des traitements disponibles sur le marché aura pour but d’agir sur l’estomac, soit en :

  • neutralisant localement l’acidité de l’estomac,
  • protégeant la paroi de l’estomac,
  • réduisant et bloquant la sécrétion d’acide,

Les experts confirment que les traitements suppresseurs d’acide sont les plus appropriés et indiqués dans la gestion des ulcères gastriques.

Parfois, les ulcères gastriques peuvent être difficiles à traiter et risquent alors de devenir chroniques. C’est le cas lorsqu’il y a une pathologie associée comme un problème abdominal sous-jacent affectant la vidange de l’estomac, des adhérences de l’intestin grêle ou une pathologie duodénale par exemple.

Enfin, une infection bactérienne stomacale peut aussi être responsable d’un défaut de réponse au traitement, bien qu’aucun agent bactérien n’ait actuellement été identifié.

Comment limiter les risques d’ulcères ?

Quelques règles d’or pour les limiter :

  • bien-être du cheval,
    • savoir observer son cheval et repérer ses changements de comportement,
    • alterner travail raisonné, repos et détente,
    • veiller à la bonne gestion de son alimentation (voir encadré)
  • prévention médicale.

Les recommandations alimentaires actuelles

Pour respecter la physiologie digestive gastrique du cheval et limiter le risque d’apparition ou de récidive des ulcères gastriques, il est recommandé de :

  1. diminuer les périodes de jeûne (notamment durant de longs transports)
  2. donner de l’eau à volonté > apporter un minimum de 1 à 1,5 kg de matière sèche de foin pour 100 kg de poids vif, si possible en fractionnant les apports (idéalement 10 kg minimum pour un cheval de 500 kg)
  3. limiter les apports de paille à 25 % des apports de fourrage totaux
  4. ne pas dépasser 1 g d’amidon par kg de poids vif et par repas soit 1 kg d’orge (à 50 % d’amidon) ou 2 kg de concentrés du commerce (à 25 % d’amidon) par repas
  5. limiter à 2 g par kg de poids vif les apports d’amidon quotidiens totaux
  6. incorporer du foin de luzerne (ou autre légumineuse riche en protéines et en calcium) à la ration

merial

Pour plus d’informations sur la santé de votre cheval :

Avec la collaboration du Docteur Sonia Wittreck Responsable Technique EMEA et Midle Est Merial, Vétérinaire fédérale pour l’équipe de France de para dressage, Vétérinaire FEI